mercredi 23 avril 2014

Jankélévitch selon France-Cul, la très catholique.....

Sur France-cul, ce mercredi, discours autour du livre « Logique de la mort » de Pierre-Michel Klein, livre qui revient sur la conception de la mort de Jankelevitch. . La mort ! … Camus disait que le seul sujet philosophique est le suicide. Je crains d'être une fois encore en désaccord. Il n'y a pas d'autre sujet que la mort en philosophie, serait-ce sous sa forme suicide. Un petit bout de la lorgnette qui ne m'étonne guère de la part de Camus. Qu'avons-nous ? Un Vladimir qui nous dirait, par delà le tombeau, sa conception de la mort, non comme la décrivait l'épicurien moyen, un non-événement, ni comme le décrivaient Platon ou Aristote, dans l'espoir d'une survivance, de l'âme ou de quelque chose. La critique semble donc complète. Pourtant, selon Klein, s'exprimant en lieu et place de Jankélévitch ( un peu à la manière d'un Platon transmettant la pensée de Socrate, alors que Socrate, lui, nie toute « survivance » et que Platon en est l'un des inventeurs), Jankélévitch aurait trouvé la clé de l'espérance, dans cette idée que le fait d'avoir vécu n'est pas effaçable. Le court moment qui sépare ma naissance de ma mort est à jamais inscrit. Je suis éternel. Une théorie, donc, qui se termine, comme tellement d'autres, sur cette idée d'une éternité, et, surtout, dans l'espérance. Jankélévitch serait donc seulement un philosophe de plus à nous vendre un espoir d'éternité. Non religieuse, non physique, certes, mais une espérance. Alléluia ! Au cours de l'émission, Klein nous sert une allégorie jankélévienne. Selon lui, la mort ne peut être considérée comme « rien » puisqu'elle est la goutte d'eau qui fait déborder le vase de la vie, un événement dernier, un acte, un moment qui existe bel et bien et serait unique, puisque dernier. Je trouve qu'il y a ici une bonne grosse blague. Car la dernière goutte ne le sera jamais que parce qu'il y a eu toutes les autres. A commencer par la première : qui ne naît pas ne peut mourir. Mais si la dixième, votre première dent, la millième, votre mariage ou la deux millième, la naissance de votre premier enfant, si la mille deux centième, l'achat de votre belle auto, toutes les autres, n'avaient existé, cette dernière n'aurait jamais été la dernière. Ce qui induit que cette dernière, en vérité, n'est pas plus importante qu'aucune autre. Sa seule importance est factuelle. Il se trouve qu'elle est la dernière, ce qui ne lui donne aucune particularité autre que que son rang. Et également qu'elle signe votre fin, raison pour laquelle vous la désignez comme responsable. L'Être humain est stupide jusqu'au bout et Jankélévitch peut remballer son espérance. Méfiez-vous au-delà de tout de tous les philosophes qui vous orientent vers un espoir. Si vous faites le ménage dans votre bibliothèque selon ce critère, il ne vous restera que quelques livres à lire. Ce sont, bien entendu, les plus intéressants.

dimanche 30 juin 2013

Raphaël, 4 consonnes et 3 voyelles.....


Sur France 4, hier, dans la nuit (vers 2h... La nuit, la télé, c'est captivant), j'ai vu Raphaël, celui de la chanson de Carla... Quatre consonnes et trois voyelles... Il venait parler, dans une émission littéraire, on en rirait si ce n'était pas si minable, du mot littéraire, je veux dire, parler, donc, de son dernier opus en date, chez Gallimard, évidemment, « Matière Première ». Je n'ai pas lu ce livre et je ne le lirai pas, d'ailleurs. Raphaël lui-même ne s'est pas gratté, au passage, pour dire la même chose d' « indignez-vous » de Hessel. Chacun ses intolérances, pas vrai ? En quelques minutes, Enthoven a exposé ses démons avec une maestria qu'on doit lui reconnaître. Le jeune homme a du talent, c'est indéniable. Un talent médiatique. Un bon client, on dit, il paraît, dans les milieux audiovisuels. En très peu de temps, il a réussi à vômir sa haine de Stéphane Hessel, de Marx, ainsi que son amour pour Albert Camus, dont vous savez ce que j'en pense. Comme par hasard, le meilleur qualificatif que je pourrais trouver pour Albert serait : gendre idéal. Ce qui est exactement le cas de Raphaël. Propre sur lui, tronche de premier de la classe conviendraient également. Aux deux. Avec, en outre, un respect immense pour la « culture » officielle, du bon côté, pour l'un, Raphaël, grand bourgeois, de l'autre, pour Albert, fils du peuple qui a toujours rêvé « d'en faire partie ». Ils sont d'accord, en particulier sur la haine du communiste. Ce qui les rend très sympathiques au belles-mères rancies qui peuplent la France. Raphaël adore se poser comme avatar de la « nouvelle philosophie », celle qui a, c'est ce qu'elle croit, fait tomber le mur de Berlin, pour aboutir, finalement, à une proximité de pensée avec un certain Sarkozy, en la personne des sieurs Glucksman et, dans une moindre mesure, Levy. Raphaël, lui, est allé jusqu'au bout de ses idées, puisqu'il en est arrivé à partager sa compagne et son enfant avec Nicolas. L'anticommunisme, comme le communisme, d'ailleurs, est un cancer de la pensée. Pour contester Hessel, Raphaël en arrive à invoquer Rosset. Son dernier livre n'est d'ailleurs, en vérité, qu'une copie ( je n'ai pas écrit « pâle »...) du livre « Le démon de la tautologie » de Rosset, qui opposerait, selon Raphaël, la révolte et l'indignation. Or, il me semble que, justement, opposer relève du problème posé. Comme l'écrit Rosset : « Il y a de l'idéologie dans la lutte contre les idéologies ». Ce que Raphaël lui même traduit en langage fleuri, pour être sûr que la plèbe puisse comprendre, par : « combien il faut être con soi-même pour prendre au sérieux les idées d’un con ». Et je suis à peu près certain, cher Raphaël, qu'il y a de l'idéologie dans votre volonté d'en découdre absolument avec Hessel, son petit opuscule, et, peut-être, avec ses ventes record. J'ai lu Hessel. Ses quelques pages sommaires. Et je n'y ai vu personnellement aucun intérêt. Néanmoins, et malgré son engagement aux côtés de Mélenchon, je n'y ai pas trouvé d'idéologie communiste ou marxiste. Une idéologie, certes, mais bien plus proche du christianisme, de ses dogmes « concons » ou « gnangnans », comme le disent ou l'écrivent certains à propos des indignés, bien plus proche de la « charité » que du charabia révolutionnaire. Et cette idéologie-là, manifestement, cher Raphaël, elle ne vous dérange pas plus que ça.... Pour moi, Rosset n'oppose pas. Il analyse d'un côté l'indignation et, de l'autre, la révolte. Il préfère manifestement la révolte mais sans énocer à aucun moment que la révolte serait LA solution à tous nos problèmes. Je le perçois bien plus en lutte contre « la morale » que contre l'indignation, qui n'en serait, selon lui, et à mon humble avis de plébéien, qu'une forme. Mais pourriez-vous jurer, cher quatre consonnes et trois voyelles, que vous ne nous faites pas vous-même, livre après livre, émission après émission, conférence après conférence, ce qu'on appelait autrefois « la morale ». Vous savez, ça c'est bien et ça c'est caca ….

Mais, pour finir, le point sur lequel je voudrais insister, cher Raphaël, quatre consonnes et trois voyelles, porte sur une autre écrit de Clément Rosset... « Le véritable révolté se cultive en silence....». Dites-moi pourquoi, puisque vous avez choisi votre camp, celui de la révolte, vous êtes si bavard ? Je vous entends déjà me répondre : pour moi, Rosset n'est pas une bible.... et moi, je pense que si, que c'est exactement le problème. En grand bourgeois de la pensée, vous « piochez » sans arrêt, parmi vos illustres prédécesseurs, depuis l'antiquité, les idées, voire, parfois, les phrases, souvent extraites de leur contexte, qui vous arrangent, comme si une bibliothèque pouvait s'assimiler à un gigantesque supermarché où l'on s'enquiert du produit qui va nous satisfaire. La base de votre raisonnement est l'anticommunisme ( tout aussi « con » que le « communisme », c'est vous et Rosset qui le dites …). J'en suis navré, cher 4 – 3, mais vous êtes pour moi largement aussi « con » (c'est vous qui le dites) que les « cons » que vous pourfendez.

Votre seul argument, au final, au cours de cette émission nocturne de France 4, chaîne publique, financée sur les deniers de ceux que vous méprisez tant, serait le fait que les « indignés » dormiraient tranquilles alors que les « révoltés » auraient des nuits agitées. Je demanderais bien à Carla, pour voir, comment sont les nuits de Raphaël. L'exemple du révolté, pour vous, étant Camus, bien entendu. Un révolté qui va finir sa vie dans une Facel Véga, l'une des plus chères voitures de « sport » jamais construites au monde, avec, au volant, Michel Gallimard, héritier en titre de la dynastie. On raconte même que cet accident n'en aurait pas été un et que le véhicule aurait été trafiqué par le KGB... Si, si, vous avez bien lu... C'était en août 2011 dans il corriera della sera (et c'est ICI). Que Raphaël en appelle à Rosset est un pur scandale. Si vous n'êtes pas encore convaincus, regardez simplement la tenue de 4 – 3 lorsqu'il vient sur les écrans ( l'autre c'était Kenzo, celui-là, j'ai pas idée.... Dolce et Gabbana ? Zadig de Voltaire ?..) et comparez-la à la chemise sempiternelle, bleue et à carreaux, de Clément. Un détail ?... Certes.. un détail.. qui tient à une notion qui vous est étrangère, cher 4 – 3, l'anonymat ….. Révolté ?????? !!!! .. c'est à pisser de rire ! ….

lundi 17 juin 2013

Blang ! ... ( bruit de vaisselle cassée..)


Je vais vous faire part de l'une de mes convictions profondes.... Une chose intuitive dont, si j'avais un peu de courage et d'opiniâtreté, je pourrais faire une théorie, une théorie qui serait d'emblée incorrecte et, par là, novatrice …. Mais mes proches vous le diront : j'ai toujours manqué d'ambition, ce mal qui ronge à peu près tout sur terre, qui est, selon moi, la cause de l'état actuel des choses... contrairement à la plupart de mes congénères.... Le fond de ma pensée porte sur un sujet ontologique... Peut-être « le » sujet ontologique... Les philosophes, les médecins, les tenants de la spiritualité mystique, tous les gens, en gros, qui font l'actualité, pour ne pas dire la « mode » de la « « pensée », tous, vous diront que l'être humain ne peut l'être, humain, que dans son rapport avec l'autre.. Mieux !... Que, sans l'autre, l'humain ne l'est pas …. En trois secondes, je viens de balayer toutes les convictions humaines, l'humanité, en premier, le langage, la grégarité, la société, etc.., et, non seulement, de les parcourir, mais, en plus, de les railler... Non ! … je suis formel... Tout ça est de la soupe, du galimatias, de l'inutile !... Tout ce discours n'a finalement qu'un but ... vous faire endosser les erreurs et les errements des générations qui nous ont précédés.... En espérant que, braves que vous êtes, vous n'aurez qu'un désir : les continuer. Un peu comme les « youyous » des femmes musulmanes qui en ont tellement chié de la pesanteur des « traditions » qu'elles n'envisagent qu'une seule solution : que les « jeunes » en chient autant... Non ! ... définitivement.... contre la bien-pensance d'un Albert Jacquart, par exemple, ou d'un abbé Pierre, d'un Enthoven, d'un Onfray, même, j'ose le dire : je ne trouve en moi aucune humanité que je doive à quiconque... Si humanité il y a, je pense qu'elle est plutôt d'ordre ontologique et que, à l'inverse de ce qui est admis généralement, c'est à cette part de moi-même que je dois l'invention du langage et non le contraire... J'ai le « sentiment » que, sans les autres, je serais quand même humain, que je ne deviendrais pas une bête comme les autres, comme on tente de nous le faire croire. Et je le répète : ma conviction profonde est que, au travers de cette belle légende, la pensée dominante n'a fait qu'inventer le moyen de transmettre une certaine forme de domination, d'esclavage, d'aliénation....

lundi 10 juin 2013

Minuscule

Un détail me met en ce moment assez facilement hors de moi... c'est l'emploi du verbe "arriver" en lieu et place de "parvenir".... On est peu de choses, je vous le concède.... S'enrager tout seul dans son coin sur l'emploi d'arriver ou de parvenir, quelle dérision !.. Pathétique !... Pourtant, si vous prenez le temps d'y penser.... Arriver signifie ligne d'arrivée, but, fin du parcours.... Un absolu, en quelque sorte.... Parvenir signifie plutôt étape.. Ça, c'est fait !..., en langage courant .... Pour prendre un exemple qui m'est cher : lorsque l'un de vos textes devient un livre, grâce à un éditeur, suis-je arrivé à me faire reconnaître en tant qu'écrivain ou bien y suis-je parvenu ?.... J'en suis navré, mais ce simple "détail" est pour moi essentiel ... Dans un cas, je suis définitivement "écrivain", dans l'autre j'ai franchi une étape qui sera bien vite remise en cause.... Le "diable est dans les détails", disait l'autre... L'emploi de l'un ou de l'autre dit finalement beaucoup sur qui emploie l'un ou l'autre.... Je vous invite à écouter tous nos personnages médiatiques et à constater, simplement... On ne "parvient" plus.. on arrive. Parvenir contient cette idée troublante qu'on pourrait penser y parvenir alors qu'on y est, en fait, arrivé.. Ce qui reprend le mythe du juif errant, celui qui cherche par devant ce qui est advenu en arrière de sa vie.... Eh oui !... Quand on pense, on est face à un écheveau inextricable... Bien obligé de tirer sur le bout de fil qui dépasse.... Et voilà toute la pensée structuraliste...  la présence du monde entier dans un simple verre, pour reprendre un poncif. Arriver, parvenir, une peccadille qui dit tout... En manière de conclusion, cette phrase absolument réjouissante : "Tout est dans tout, et réciproquement... le reste est dans  Victor Hugo".  Serais-je parvenu à vous convaincre?..... Pour en revenir à moi, puisque, comme vous le savez, il n'y a que cela qui m'intéresse, je me sens définitivement de la tradition de ceux qui parviennent et à jamais ennemi de ceux qui arrivent..... Un clivage pour moi essentiel.....

jeudi 24 janvier 2013

Badiou sur France Cul

Le philosophe marxiste est mystique. Rien de bien neuf. Il vous jurera son grand dieu qu'il ne « croit » pas et, pourtant, il croit. Le philosophe marxiste a beaucoup de défauts, toujours rien de nouveau, mais, le principal, c'est qu'il croit. Et ce défaut en fait un être absolument sans crédibilité. Une maison sur pilotis sans pilotis. La base est pourrie. Son mysticisme n'est pas chrétien, ni musulman, ni juif (quoique !..), ni bouddhiste ( ??...), son mysticisme tient à une seule chose : il « croit » en l'existence de la « vérité ». Et sa démarche philosophique consiste à trouver cette « vérité » transcendantale, qui le dépasse, qui nous dépasse. Sa nature a horreur du vide. Il en conclut que « la » nature a horreur du vide et que, s'il conteste l'existence d'un dieu, il ne peut laisser cette place vide. Vieux débat, auquel tous les philosophes, de tous temps, ont participé, en y apportant leur propre pierre. Platon, évidemment, Aristote, mais également Robespierre, Marx, Lénine, Mao,... Il existe un autre courant de pensée. Celui qui réfute l'existence même d'une « vérité ». Vieille lune, me direz-vous. Certes. Mais entendre Badiou, dernier philosophe « communiste », peut-être marxiste, se répandre, sur France-Culture, chaîne catholique s'il en est, en analyses soi disant « objectives » et « galimatiesques » sur dieu, St Paul et Platon, en tentant de nous les faire prendre pour les inventeurs du « communisme », franchement, ça troue le cul.... Et, même si je crains qu'il ne s'en aperçoive guère, cela prouve définitivement le mysticisme des derniers philosophes marxistes. Une balle dans le pied, on dit, en langage courant. Obsolète…...

mercredi 12 décembre 2012

Molaire, moléculaire.... Felix Guattari - La révolution moléculaire

Il ne s'agit pas ici, bien évidemment, des dents du fond mais de « mole », c'est à dire, symboliquement, d'un ensemble, d'un « grand nombre ». Rencontrant par hasard ce texte de Guattari, j'y trouve, en premier lieu, la confirmation de l'une de mes convictions profondes, celle que tout a déjà été pensé. Ou bien, variante, que ce qui se pense se pense à la fois dans plusieurs lieux et dans l'esprit de différentes personnes. En reprenant l'histoire des sciences, on se rend immédiatement compte de la pertinence de cette notion, au travers de la difficulté que nous avons toujours d'attribuer telle ou telle invention à celui-ci plutôt qu'à celui-là. De quoi s'agit-il, donc ?... Le but est de réfléchir la différence, l'opposition, même , en définitive, entre comportement « de masse » et comportement « individuel ». Une mole d'air peut avoir un comportement global, un vent, par exemple, ce qui n'interdit absolument pas une étude au niveau moléculaire qui démontrera qu'il existe au moins une molécule qui ne se comporte pas comme la généralité des molécules, le vent, et qui, même, parfois, peut avoir un déplacement instantané contraire à celui de l'ensemble. De même pour un courant d'eau. Au sein d'une rivière, il existe au moins une molécule d'eau qui remonte le courant. Or, en mathématiques, la notion de contraire se définit ainsi : le contraire de la phrase « tous les Bretons sont alcooliques » est : « il existe au moins un Breton qui n'est pas alcoolique ». L'application brutale de la science mathématique à nos sociétés implique donc que « l'individu » serait le contraire de « l'ensemble ». Or, depuis de nombreuses années, maintenant, les sciences sociales, la politique, entérinant cette opposition, portent leur regard, tout à fait ordinairement, à cause d'un manichéisme ambiant et général, sur « l'individu » plutôt que sur le « global ». Ce qui importe, aujourd'hui, c'est « vous » et non votre contexte, ni vos origines, ni vos traditions, ni votre culture. Chacun d'entre nous a droit à la parole, simplement parce qu'il est, qu'il en a le « droit », qu'il est « vivant ». Nonobstant, bien évidemment, le contexte, le global, le « molaire ». Ceci nous est venu d'une tradition très active à la surface de cette planète, l'anglo-saxone, qui ne peut être réduite à « l'états-unienne » mais qui lui doit la majorité de ses traditions. Pour les anglo-saxons, chacun d'entre nous est « surpuissant », c'est à dire, très simplement, que l'état du monde ne dépend que de lui. Ce qu'il ne saisit pas, c'est qu'il ne parle que de « son » monde. Pour lui, aucune différence entre ce qu'il pense et ce qu' « on » pense. Il n'est pas « un » individu, il est « l'individu ». Sa pensée est forcément celle des autres. Il pense pour tout le monde. Ceci, simplement parce que l'attention du monde extérieur n'est portée que sur d'autres « individus » et que son moteur n'a qu'une base : aucun autre « individu » ne vaut plus que lui-même, en termes de droit. Depuis des années, maintenant, j'ai une objection, toujours le même exemple, à ce joli tas de rouages bien huilés qui tourne rond : expliquez-moi quelle chance avait un enfant juif né à Varsovie en 1930.... Quelle emprise sur sa vie est la sienne? Réponse : aucune..... Il va partir pour Auschwitz et y sera assassiné. Avec cet exemple, on comprend que, quelle que soit l'agitation « moléculaire » d'un individu, sa destiné « molaire » reste la plus déterminante. Ce qui va diriger la courte existence de cet enfant, c'est qu'il naît à un certain endroit, juif, et à une certaine époque. Rien n'y fera.... L'air du temps est à l'autodétermination. Au point qu'on revisite régulièrement l'Histoire avec un microscope, en tentant de raconter celle-ci non plus sous un angle global mais sous l'angle du particulier. Les motivations de tel dictateur, de tel ou tel officier allemand, de tel soldat au Vietnam, de tel Poilu, de tel politicien, en essayant toujours de valoriser le choix personnel et en oubliant ce qu'on pourrait appeler « le vent de l'histoire ». Or, il n'y a pas d'opposition entre les deux et l'un n'est pas plus efficace pour expliquer seul le cours des choses que l'autre. L'histoire est molaire et vous emporte dans son flot, ce qui n'empêche en rien que, dans ce flot, vous pouvez avoir une agitation contraire à l'ensemble. Exactement comme une molécule d'eau prise au sein d'une rivière peut très bien, à certains moments, en remonter le cours..... Ce qui n'empêche en rien une contradiction peu traitée dans les sociétés occidentales: le « vent de l'Histoire » peut s'avérer déterminant pour chacun d'entre nous, quelles que soient nos agitations. Voir à, ce sujet les bouleversements actuellement à l'oeuvre dans le monde arabe. La thèse de Guattari, si j'ai bien compris, c'est qu'il n'y a révolution que lorsque le moléculaire rejoint le molaire, c'est à dire quand chaque individu pris dans un groupe s'accapare personnellement le mouvement d'ensemble et en devient un moteur individuel. Son livre me semble poser un problème philosophique essentiel, qui a à voir avec l'un de mes dadas, l'individualisme de gauche. Et, à mon avis, poser simplement ce problème, aujourd'hui, est tout bonnement génial. Au sens propre. Faut-il rappeler que Guattari fut le collaborateur préféré de Deleuze ?.... La révolution moléculaire - Félix Guattari - Ed. Les Prairies Ordinaires (novembre 2012)

jeudi 4 octobre 2012

Ras le bol

Je traverse une période d’intense malaise. Presque d’ordre psychiatrique. Une espèce de rupture, en moi, entre le corps, ce qui respire et bat en moi, et l’esprit. D’accord, vous dites-vous. Mais qu’est que cela vient faire sur un blog dont  l’intitulé est : “philo”. C’est tout simplement que je crois avoir déniché un embryon d’explication à ce malaise. La question n’a rien à faire ici, si vous voulez, mais la réponse, oui. Et cette réponse commence par une constatation : je suis français. Aucune gloire, pour moi, à être ce qui n’est que le fruit d’un hasard à la fois géographique et génétique. Aucun patriotisme d’aucune sorte en moi. Cependant, je ne peux le nier : je suis né en France. Et, conséquence, mon éducation est française. Ce qu’on peut appeler ma culture l’est donc également. J’ai de la chance, me direz-vous, puisque, question culture, la France est ce qu’on peut faire de mieux ou à peu près et, si je devais donner mon avis, je dirais même que c’est la culture la plus complète au monde, n’en déplaise aux ethnologues relativistes. Pour moi, donc, et parce que je suis né sur ce territoire, les notions de pays et de culture sont confondus. Je suppose que pour un espagnol, par exemple, cette confusion entre culture française et France est exclue. Comme tout bon français, j’ai été biberonné aux concepts issus des événements qui ont jalonné notre histoire: la Révolution, les Lumières, le seconde guerre mondiale, entre autres. Et, bien entendu, ma culture livresque est fondée sur la lecture, en premier lieu, des écrivains de langue française, Hugo, Rimbaud, Baudelaire, Aragon, Diderot, Molière, et tous les autres.... Bien sûr, j’ai lu des auteurs étrangers. Enormément et de toutes origines.  Mais, sauf cas rares, je ne les ai pas lus dans leur langue d’origine mais dans une traduction en français. Tout ceci pour vous faire saisir que, jusqu’à une date récente, il y avait, en moi, une fusion naturelle entre ma nationalité et mon être profond. Encore une fois, sans aucune fierté ni aucune revendication. Seulement voilà.... Depuis quelques temps, la France m’emmerde. J’ai rejoint le club très fermé des penseurs qui détestent leur peuple. Nietzsche, évidemment, mais également Bernhardt, Becket, à un niveau moindre, Joyce, probablement, Wilde, on comprend pourquoi, enfin bref, que du beau monde. Du beau monde dont la pensée, en tous cas, est assez peu amène avec le pays qui les a vus naître. Ce qui m’arrive n’est donc pas très original. Et ce qui m’arrive est tout bête: je finis par vous détester. Vous abhorrer, même. Rien de ce qui vous mobilise ne trouve grâce à mes yeux. La politique, vous êtes lamentables, là, quand même, le sport, j’ai toujours détesté le sport, mais là, vos médaillés, vos héros, vos crétins en shorts, pardon !.., vos lectures, on ne va en citer qu’un, un qui a le dos large, parce que, dans ce milieu, on ne peut pas dire du mal des collègues, disons Levy, ce que vous allez voir au cinéma, les intouchables est la dernière connerie en date, vos convictions religieuses, faut vous voir sauter à pieds joints dans la guerre de religions, votre addiction aux jeux de hasard et à la Française des jeux, qui m’interdit chaque jour l’accès au comptoir de mon buraliste préféré, votre amour du gasoil et du nucléaire, totalement ineptes au regard de l’avenir, celui de vos enfants en particulier, votre abord aux questions sanitaires, totalement paranoïaque, votre relation à l’argent, la musique que vous écoutez, affligeante, les “comiques” qui vous font rire, jamais drôles, déplorables, vos idoles, d’une manière générale, un tas de crétins congénitaux, à croire que vous n’élisez au pinacle que qui vous ressemble, histoire de préserver l’idée que ça pourrait vous arriver, tout, tout, tout.... Exhaustivité impossible... TOUT. Tout dans le médiocre, le navrant. Vous allez me dire que la terre ne va pas s’arrêter de tourner parce que je vous déteste et vous aurez raison. Vous allez me dire que j’ai qu’à me barrer, que ça fera de la place, que j’ai qu’à trouver mieux, si j’y parviens... Et là, je vais vous répondre. Si, un jour, lassé, à bout, je finis par émigrer, vous abandonner à votre bain de lisier, j’aurais fait un grand pas sur mon chemin personnel... Tout simplement parce que, dans un autre pays, les gens ne s’exprimeront pas en français et que je n’aurais plus à supporter cette impression permanente de souillure de mon esprit, que, dans un lieu étranger, la séparation entre mon esprit et mon corps ne sera plus un problème puisqu’elle sera évidente. Vous devriez, à ce sujet, lire un texte fondateur, pour moi: “Je suis comme une truie qui doute”, de Claude Duneton...... Je viens tout simplement de comprendre que jamais, jamais, le peuple de France ne sera à la hauteur de son héritage culturel.... Pas même moi. Et, ce, peut-être, parce que j’ai jusqu’à présent choisi d’y vivre. Je viens d’un temps oublié qu’il est convenu d’appeler les années 70. Dans ce temps, on pouvait voir, sur les écrans, sur scène, dans les librairies, des choses formidables. Un tas de choses formidables. Parmi elles, un film : “Allemagne mère blafarde”, de Helma Sanders-Brahms. Dans ce film, l’héroine, au sortir de la seconde guerre mondiale, qu’elle traverse avec beaucoup de souffrance, tente de recouvrer une vie normale. Mais son corps s’exprime. Elle est saisie, subitement, d’une paralysie faciale qui lui interdit de s’exprimer. Son visage est séparé en deux, un côté paralysé, un côté normal. Sur l’écran, on voit la douleur d’un peuple, le peuple allemand, qui s’est vu infliger par les vainqueurs une séparation déchirante entre Allemagne de l’est et de l’ouest. Parfois, la séparation entre corps et esprit se voit, se manifeste, prend corps, s’incarne. Et, donc, est.....

dimanche 15 avril 2012

Livres

«Ceux qui brûlent des livres finissent tôt ou tard par brûler des hommes». Heinrich Heine (1797-1856). Cette citation de Heine est très souvent appliquée au troisième Reich. Ce qui peut paraître anachronique, puisqu’il écrivait cela au dix neuvième siècle et que, à n’en pas douter, il faisait plutôt référence à l’inquisition et au passage aux bûchers d’hérétiques après qu’on a brûlé des livres interdits. Peut-être fait-il, même, allusion au glissement sémantique qui a conduit à nommer “autodafé” les bûchers d’hérétiques et non plus de livres. On parle donc de phrase “visionnaire”, puisqu’elle semblerait annoncer, justement, les crimes nazis. Là encore, on peut s’interroger sur la chronologie des faits. Dès 1925, dans mein kampf, Hitler faisait allusion aux juifs, aux communistes et aux Tziganes comme éléments “non allemands”. Et, à n’en pas douter, l’idée même d’élimination de ces populations pourrait bien avoir germé dans son esprit malade bien avant 1933, date du grand autodafé nazi. On peut donc s’interroger sur des variantes de la phrase de Heine: ne seraient-ce pas plutôt ceux qui peuvent brûler des hommes qui brûlent des livres? Ce qui m’embête un peu plus dans cette phrase, très utilisée par les penseurs romantiques au grand coeur, c’est l’espèce d’équivalence, qu’elle contient indéniablement, entre hommes et livres. Tout écrivain raisonnablement sensé devrait convenir qu’on doit pouvoir donner tous les livres pour sauver un homme, à plus forte raison une communauté. Les livres sont des productions humaines et leur côté sacré n’est pas, à première vue, évident. Sauf à considérer que tout livre est une réplique “du livre”. Une mystique, en quelque sorte. La “religion” du livre. Que serait le monde sans livres, me direz-vous? Il est certain qu’il serait autre. Meilleur? Pire? Qui peut dire? Mais il est un cas où l’assimilation entre livre et Humain ne peut s’opérer. Je veux parler des civilisations orales, comme il en existait, par exemple, et il y a peu, comme il en existe encore, en, Asie, en Afrique, avec les célèbres Griots. Un Griot qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle, disait-on à l’envi. Dans ces sociétés, en tous cas, pas question de brûler des livres, même pas de savoir si l’on commence par le livre ou par l’Homme, ce qui n’a en rien empêché de brûler des Hommes. Il y aurait là comme une déconnexion entre les deux que je n’en serais pas étonné. Ce qui me donne à penser que l’équivalence livre-Homme ne peut avoir lieu que dans un seul endroit. Et, cet endroit, c’est évidemment le cerveau du tortionnaire. Ce personnage est un être illuminé, au mieux, fanatique et barbare, en général, inculte, la plupart du temps. Pour lui, pour ses acolytes fanatisés, un être humain n’a pas plus de valeur qu’un morceau de papier. Pour lui et pour lui seulement, brûler un livre, qu’il abhorre évidemment, puisqu’inculte et plein de ressentiment face à la culture, brûler un livre, donc, c’est aussi grave ou aussi peu grave que brûler un homme. Ceci posé, reste à comprendre pourquoi le consensus sur l’équivalence perdure et pourquoi de nombreux intellectuels continuent d’affirmer que brûler des livres ce serait comme brûler des Hommes, ou, plus exactement, que brûler des livres indiquerait une capacité à brûler ensuite des Hommes. Je ne vois pas d’autre explication que celle évoquée plus haut : pour eux, un livre est sacré. Ils croient en la “religion du livre”. Bien qu’écrivain, bien que passioné de littérature, bien que persuadé de l’immense importance de la culture livresque, je vous l’avoue : je veux bien qu’on brûle des livres, et même pour de très mauvaises raisons. On se sortira de ce massacre. Voir Farenheit 451. Mais à condition qu’on ne touche pas un seul cheveu de la tête d’aucun humain. Et si vous me répondez que l’un ne peut pas aller sans l’autre, je vous répondrai que vous m’avez sûrement mal lu ou bien que vous êtes.....


PS: Je ne peux pas laisser ces points de suspension sans explication, supputant que vous allez y mettre immédiatement le mot con. Ce n’est pas le sens induit. Ce que je voulais suggérer, c’est que vous êtes l’un, graine de dictateur, ou l’autre, religieusement attaché au livre.... Mais, ceci dit, votre élan premier était peut-être le bon.

vendredi 13 avril 2012

De plus en plus bêtes?

L’intelligence humaine serait sur le déclin.... Disons que l’intelligence moyenne, celle qu’on mesure par des tests, est en baisse. Je vous vois, bande de coquins.. Vous vous dites tout de suite : ah bah ! .. je confirme.. Qu’est-ce qu’ils sont cons, les autres!.... Le problème, c’est que c’est la moyenne qui baisse et que la moyenne, elle tient compte de vous aussi. Serait-on, donc, plus cons qu’avant? En voilà une bonne question, pas vrai?.... Admettons que ce soit vrai. Quelle pourrait en être la raison? L’éducation?.. C’est la première idée qui vient.. le niveau baisse, c’est bien connu... Et comme ça dure depuis longtemps, les parents étant eux-mêmes plus cons, leur progéniture serait victime de l’abêtissement général.... C’est une idée. La génétique?... Pourquoi pas?... Il se pourrait que l’espèce humaine soit déclinante, que nous soyons ce qu’on nomme une “fin de race”.... Beaucoup de gens pensent que l’avenir de l’Humain est relativement compromis.... Peut-être avons-nous entamé le déclin en commençant par la dégénérescence du cerveau. Autre idée, la mondialisation. Dans un sens le plus global envisageable. En élargissant le champ des connaissances possible, peut-être nous amène-t-elle à notre limite. Par exemple, en multipliant, à chaque instant, la quantité d’informations disponibles, peut-être nous contraint-elle à ne plus tout comprendre. Il y a également son aspect technologique. En particulier le numérique. Cet outil que nous avons ajouté à nos capacités, qui les multiplie quasiment à l’infini, peut-être nous impose-t-il un contact avec notre propre limite de réflexion, alors que, lui, ne semble pas en avoir. Mais on ne peut chercher les raisons de la baisse de l’intelligence moyenne mesurée sans mettre en cause l’instrument de mesure lui-même. Soit qu’il soit inadapté, soit qu’il soit mal étalonné. En gros, que le logiciel qu’il utilise soit faux. Malgré tout, je suis très amusé par cette nouvelle. Elle signifierait que l’Homme “augmenté” se retrouve, en fait, diminué. Elle confirmerait une idée qui trotte dans ma tête depuis des lustres. A mon avis, depuis l’invention de la bombe atomique, l’être humain est débordé par ce qu’il a créé. Aucun esprit, peu, très peu, en tous cas, ne peut s’enorgueillir de dominer encore la complexité de notre communauté humaine et, en tous cas, pas sous tous ses aspects. On est peut-être plus cons mais, de toute façon, l’intelligence moyenne ne peut y suffire.

vendredi 10 février 2012

Humanisme

L’existentialisme est un humanisme... Péremptoire affirmation de Jean-Paul. Une sorte de slogan qui lui est beaucoup reproché. Sa théorie de l’existentialisme, aujourd’hui unanimement raillée, et sûrement à juste titre, à cause, principalement, de sa vacuité, est, pour les anti, avec sa sympathie pour les théories marxistes, la raison de sa condamnation, le prétexte évident de lui préférer Camus. Une seule chose me paraît avoir été un peu oubliée, c’est que l’humanisme n’est pas un idéal. Tout philosophe raisonnablement critique devrait avoir compris que l’humanisme n’est en rien un exemple, en rien une théorie universelle. Les plus exigeants auraient même dû constater que l’humanisme est lui-même un totalitarisme. Sartre tente un ultime sauvetage de sa fumeuse théorie en la raccrochant à un concept, certes universellement reconnu, mais qui sent pourtant la charogne. Ce qui, à mon sens, ne condamne absolument pas le travail de cet intellectuel brillant et n’autorise surtout pas de se jeter dans les bras d’un autre, bien plus contestable sur beaucoup d’autres points. L’humanisme est une catastrophe intellectuelle. Ce qu’on pourrait reprocher à Sartre, c’est de ne pas l’avoir perçu. Ce qui ne justifie en rien les tenants de l’attitude inverse. Les scientifiques du dix-huitième siècle avaient déjà conceptualisé, à leurs dépends, cette notion, en énonçant un principe aujourd’hui risible : la nature a horreur du vide. Ils ne faisaient que traduire une profonde tendance de l’esprit humain: aucun n’est capable de laisser une question sans réponse. En référer à l’humanisme n’est qu’une clause de survie. La dernière chose qu’on peut proférer avant que de se faire définitivement brûler sur le bûcher des idées reçues. Reste qu’aujourd’hui, loin des lueurs de ce bûcher, l’humanisme a vilaine figure, tendance totalitaire. Et la solution aux problèmes théoriques qu’ont pu nous poser l’échec des communistes au pouvoir et leurs idéologues ne peut en rien se trouver du côté des humanistes modernes, surtout quand ils ne sont pas si modernes que ça. En résumé, Camus n’est pas un substitut valable de Sartre. C’est ensemble qu’il faut les jeter ou bien n’en jeter aucun, ce qui serait quand même le mieux.

mercredi 8 février 2012

Abîme.. Rapide et elliptique.....

On nous a bassiné, un temps, avec le concept de “fin de l’histoire”. Une pensée née de l’effondrement de “l’empire” soviétique. La fin de l’histoire, ce serait la fin des idéologies autres que capitalistes, la victoire totale du libéralisme. Le meilleur des mondes possibles. La moindre objectivité sur l’état du monde démontre aisément que l’histoire n’a pas cessé d’exister.

Autre vessie déguisée en lanterne, la fin de la philosophie. Que serait la question? Qu’on le veuille ou non, que cela plaise ou non, la question est, demeure, persiste à être celle de dieu, au sens d’un ordinateur, ce qui organise, la force à laquelle nous devons l’état du monde, la cause de toute chose. Tous les philosophes, ce qui n’est pas exactement la même chose que la philosophie, tous, ont tenté de résoudre la question de l’existence ou non d’une puissance supérieure, la démontrant, la réfutant, jusqu’à nous annoncer sa mort, mais, toujours, au nom de la seule valeur reconnue par tous, la raison. Peine perdue, simplement du fait que la raison ne peut, par essence, envisager ce qui n’est pas de son ressort. Dieu n’est pas raisonnable, au sens où la raison ne peut l’envisager. C’est égal. Dieu reste LA question philosophique. Que serait-ce, alors, que la fin de la philosophie? La résolution définitive de l’unique problème?... Pas de dieu, un dieu, plusieurs? Ce que les philosophes n’ont pas perçu, à mon sens, c’est qu’à force de travailler autour du concept de grand ordinateur, ils n’ont fait que le rapprocher du concevable. Jusqu’à le rendre mortel, ce qui est un paradoxe énorme, convenez-en. Ce qui a échappé aux philosophes déistes autant qu’aux athées, c’est tout simplement que leur recherche faisait d’eux-mêmes des dieux. Si Dieu existe, au fond, c’est probablement un type assez semblable à Platon à Kant, à Spinoza et même à Nietzsche. Pour un unique motif: le fait que la raison ne peut disserter que de ce qu’elle perçoit, c’est à dire la raison. Le concept de dieu ne peut être considéré par la raison. Tout juste la raison peut-elle nous amener au bord du précipice que représente cette question. L’exigence que nous devrions avoir envers nos penseurs, ce serait d’avoir le courage de la laisser en suspens. La volonté même de tenter une solution ne peut avoir qu’une seule conséquence: un bouclage sur soi-même. Le philosophe me semble ontologiquement condamné à ne jamais pouvoir répondre à la seule question qu’il se pose en réalité. La fin de la philosophie est donc consubstantielle à la philosophie elle-même, comme un serpent peut, en théorie, s’absorber lui-même en mordant sa queue. Mais qui, me direz-vous? Si.. Je l’affirme.. Vous demanderez qui.. Parce que, justement, vous ne savez pas laisser une question sans réponse. En ce sens, vous êtes tous, comme l’affirme la doxa, des philosophes. Qui?... Une sorte d’humains me paraît adaptée à cette question. Ce sont les scientifiques et, parmi eux, ceux qui travaillent à l’histoire de l’univers. Laplace disait, parlant de dieu : je n’ai pas besoin de cette hypothèse... Les gens qui travaillent sur le “Big Bang” ne cessent de reculer l’échéance et, pour eux, la question de dieu ne se pose pas encore. Simplement parce que c’est une question d’une profondeur infinie. La réponse à cette question n’est pas, pour eux, d’actualité. Ce qui incite à penser que les philosophes, quant à eux, ont toujours cruellement manqué de recul. Ce dont je conclurais, de manière tout à fait personnelle, que la philosophie porte en elle le mal qui la fera périr. Ou bien que la philosophie est une chose bien trop sérieuse pour être confiée aux philosophes.

dimanche 5 février 2012

Camus ?.. Non ! .... Onfray...

Michel Onfray.... Quand Michel est arrivé sur le marché, je suis certain qu’on a été beaucoup, comme moi, à y croire.... Y croire... encore!... Un philosophe populaire, dis donc!.... Issu du peuple, je veux dire... Mais, lui, manifestement, le double sens de populaire, ça lui a échappé.. Pas immédiatement.. Avec degrés.... Ça a commencé à chauffer avec Nietzsche et la gauche.. Pas que le sujet soit inintéressant... Mais on a vu Michel y exercer sa volonté de puissance. LE nietzschéen de gauche, c’était lui et rien que lui.... Après, il y a eu Freud. Là, Michel, il s’est dévoilé.. Un peu plus, sûrement, que ce qu’il voulait.. Et maintenant, voilà Camus.... Là, c’est contre-pied. Camus est tellement consensuel, le genre gendre idéal, qu’on ne s’attendait sûrement pas à le trouver là, notre Michel rebelle (belle et rebelle, faut reconnaître...). Camus, je ne veux même pas en parler.... Et surtout pas dans les termes de l’opposition à Sartre. C’est ça qui est à la mode. Le crapaud maoïste et lubrique doit rendre gorge, même au prix de tous les mensonges.... Ceux que je plains, en vérité, ce sont tous les penseurs alternatifs qui ont beaucoup investi dans le personnage Camus... Je ne suis pas certain que notre Michel leur ait rendu un grand service.....

mercredi 7 décembre 2011

Si......

Si Abel avait tué Cain
si Antigone n’avait pas dit non,
si Pygmalion n’avait pas été exaucé
si Romulus avait perdu face à Remus
Si Œdipe n’avait pas épousé sa mère
Si Achille n’était pas mort à Troie,
Si Narcisse n’avait pas trouvé d’eau
Si Prométhée avait eu une cirrhose du foie
Si son étincelle s’était éteinte en chemin
Si le caillou de Sisyphe s’était coincé contre une autre pierre
Si Orphée n’avait pas trouvé l’entrée des enfers
Si Lysistrata n’avait pas fait la grève de l’amour
Si Moïse avait cassé les tables de la loi en redescendant
Si Marie avait fait une fausse couche
Si Mahomet n’avait pas reçu ses disciples derrière un voile
Si Juliette n’avait pas aimé Roméo
Si Jesus n’avait pas eu de main gauche
Si Don Juan avait été saisi de troubles de l’érection
Si la statue du commandeur avait été détruite lors d’un tremblement de terre
Si Descartes avait souffert d’aérophagie
Si Platon avait, par amitié, bu la sigüe avec Socrate,
Si Nietzsche était né femme
Si Sir Edmund Hillary avait eu les pieds gelés pendant son ascension
Si Sigmund Freud n’avait pas fumé le cigare
si Albert Einstein n’avait pas réussi à fuir les nazis,
Si Karl Marx n’avait pas porté la barbe
Si il n’avait pas rencontré Hengels
Si Trotsky avait fui vers la Bolivie
Si Staline n’était pas né en Georgie
Si James Dean n’avait pas eu d’accident
Si Marylin avait eu un gros cul et de tout petits nichons
Si Facel Vega avait fait faillite bien avant 1960
si Ché Guevarra avait survecu à son assassinat programmé
Si Sophie n’avait pas choisi
Si Françoise Sagan n’avait pas bu
Si Edith Piaf n’avait pas chanté dans la rue ce jour-là
Si Charles Trenet n’avait pas été homosexuel
Si Neil Armstrong s’était pris les pieds dans son échelle et avait déchiré sa combinaison dans sa chute
Si H. Von Braun n’avait pas été récupéré par les services US
Si Gandhi avait été violent
Si Galilée avait eu moins sale caractère
Si Gutemberg avait manqué d’encre
Si Copernic avait été romain
Si Louis XVI n’avait pas été bricoleur
Si Robespierre avait été priapique,
Si Hippocrate avait été un tortionnaire
Si Sade n’avait pas été marquis
Si Rostand ne s’était pas appelé Edmond
Si Pagnol avait raté son certif
Si la femme de Victor Hugo avait demandé le divorce
Si on n’avait pas trouvé comment faire du papier à partir de la cellulose des arbres
Si Lautrec n’avait pas peint Bruant en hiver
Si le Titanic n’avait pas coulé
Si l’or se trouvait vraiment au fond des ruisseaux
Si la lanterne des bordels avait été verte
Si Alexandre Dumas avait écrit ses livres
Si Beethoven n’avait pas été sourd (il ne nous aurait pas infligé ça!...)
Si Joseph avait fait son baluchon
Si Mozart avait vécu cent ans
Si Alfred Nobel n’avait pas inventé la dynamite
Si Zola avait péri dans le déraillement d’un train emmené par une locomotive à vapeur
Si Spartacus avait accepté les pots de vin
Si François Mitterrand avait été tondu à la libération
Si New York avait été créée en Afrique du Sud
Si personne n’avait jamais pensé à inventer l’Esperanto
Si Napoléon n’avait pas eu une mère abusive
Si Esmeralda avait, par charité ou par pur désir, accordé ses faveurs à Quasimodo
Si les heures du duc de Berry n’avaient pas été aussi riches
Si Saint Simon avait tout trafiqué
Si Nicolas Sarkozy avait mesuré un mètre quatre vingt dix
Si Taras Boulba avait connu la selle
Si le messi des juifs avait débarqué un beau matin
Si Stendhal avait été daltonien
Si Flaubert ne s’était pas pris pour madame Bovary
Si Christophe Colomb s’était trompé de route
Si Robin des Bois avait détesté le vert
Si Charles Perrault avait connu la psychanalyse
Si le roi Arthur n’était pas revenu de croisade
Si Excalibur avait complètement refusé de sortir de son rocher
Si Lancelot avait finalement sauté Guenièvre
Si Michel Ange était tombé de son échaffaudage
Si le billet de un dollar n’était pas vert
Si le baiser du prince charmant n’avait pas réveillé la princesse
Si Gavroche avait existé
Si la tour Eiffel était tombée après cinquante ans de rouille
Si le tabac n’avait pas été fumé
Si les dragons existaient
Si les frères Lumière n’avaient pas eu la bougeotte
Si Alfred Hitchcock n’avait pas été angoissé
Si Woody Allen n’était pas psychotique
Si Lacan n’avait pas acheté l’origine du monde
Si André Citroën avait été de gauche
Si Louis Renault n’avait pas collaboré
Si Charles de Gaulle n’avait été que colonel
Si le Loch Ness n’était pas vide de monstres
Si Louis Braille avait été manchot
Si La Fontaine n’avait pas lu Esope
Si Molière n’avait pas lu Plaute
Si la semaine ne commençait pas par le lundi
Si Bernard Henri n’avait pas trouvé la boutique Kenzo
Si notre Johnny national n’avait que deux cordes vocales
Si les écossais ne portaient pas de kilt
Si les Grecs anciens avaient été exclusivement homosexuels
Si Bernard Pivot s’était prénommé Théophraste
Si Céline n’avait pas été facho
Si l’amour ne durait vraiment pas toujours
Si le théâtre n’avait pas séduit les antiques
Si la neige ne tombait pas en hiver
Si le soleil se levait à l’ouest
Si le hashish ne nous tournait pas la tête
Si les femelles avaient un pénis
Si Henri Ford n’avait pas été nazi
Si Edgard Hoover n’avait pas été un homosexuel refoulé
Si Steve Jobs n’avait plus eu qu’un salsifi dans son frigo
Si Caron n’avait pas trouvé de bateau
Si les Indiens d’Amérique avaient été immunisés contre la variole
Si le ciel pouvait vraiment nous tomber sur la tête
Si Atari avait gagné la bataille des PC
Si les frères Goncourt avaient su écrire
Si les automobiles avaient toutes trois roues
Si Scott, Peary et Amundsen n’avaient pas tant aimé le Pôle Nord
Si le jus de raisin ne fermentait pas
Si les requins n’avaient pas de dents
si les baleines n’avaient pas de graisse
Si la Loire s’appelait l’Allier
Si les arbres émettaient un gaz polluant
Si les protéines d’origine animale n’étaient pas digestes pour l’être humain
Si le feu n’était pas tombé, un jour, du ciel, sur le tas de branchages d’un homme préhistorique
Si Thomas Edison n’avait pas réussi à enregistrer des voix sur un rouleau
Si l’on n’acceptait pas de confondre culture et tradition
Si, dans le cochon, tout n’était pas bon
Si les Noirs étaient bleus et les Jaunes orange
Si les animaux n’avaient pas décidé de se taire
Si ma tante en avait ou si elle avait des roues
Si mon grand-père n’avait pas réussi à mettre un trois mats en bouteille
Si nous étions nés dans le Nord au temps où l’on envoyait les enfants à la mine
Si un verrier fou avait réussi à fabriquer une bouteille assez grande pour contenir Paris,

quels mythes nous encombreraient,
aujourd’hui,
la pensée?

lundi 5 décembre 2011

Psycho-spiritualité

Mathieu Ricard...... Le sieur a pour père un certain Jean-François Revel qui épousa en seconde noce ( ce n’est pas sa mère, à Mathieu, si vous voulez) une autre certaine Claude Sarraute, elle-même fille d’une encore certaine Nathalie, écrivaine, et dont le talent dépasse largement et celui de sa fille et celui de son gendre. On dit qu’il est très délicat de se remettre d’avoir eu pour parent un talent véritable. Cet adage semble vrai pour ce qui concerne Claude.... Très original, au passage, Nathalie.. Tous ceux qui l’ont connu s’en souviennent forcément, le joli guide, Nathalie, Bécaud.... Bref.. Décor planté.. Le Mathieu... Moine bouddhiste.. Crâne ras, toge orange... Celui-là, je l’aime.... Parce que je suis raciste, hein, comme vous savez... Un furieux raciste.. Et bête... Au point de considérer le Bouddhisme comme une religion.. Vous dire si je n’ai rien compris.... Le Mathieu est le bras droit du grand Lama, le fils de dieu, ou un truc comme ça. Il est moine.. Mais ce n’est pas une religion.... Ce con est du genre étalon.... Pas d’allusion sexuelle... Etalon au sens unité de mesure.... Le genre qui ne doute même pas.. Et, suprême marque de sa connerie, bien entendu, il vous dira sans arrêt que, justement, sa vie est faite de doute.... La plupart des gens n’iront jamais au-delà de cette première barrière infranchissable.. Le Monsieur doute, on te dit!.... Donc, sous-entendu, toi, tu as le rôle du con puisque tu n’acceptes pas le doute que le monsieur te dit qu’il a. Certains tenteront l’étape suivante... Il suffit d’un “mais”.... Mais quoi?.... Ceux-là se prendront un déluge d’idées toutes faites, éculées, sempiternelles, sur la spiritualité.... En gros: ils n’ont rien compris. Le discours est rôdé... Pas une chance de reprendre la parole.. MAis, néanmoins, certains, plus taquins que d’autres, avec plus d’humour, peut-être, vont insister.... Ils vont se faire retourner comme un gant.... Tout ce qu’ils vont pouvoir dire à partir de ce moment sera retenu contre eux... Vous aimez le bleu? Tiens? Pourquoi le bleu? Mais non, pas comme ça, pas le bleu dans ce sens... Sens?.... Mais oui, enfin, pas le bleu au sens de concept.. Concept?.... Ils se feront piéger tout autant que ceux qui la ferment déjà, qui, au moins, ne se seront pas engagés et, donc, s’en tireront mieux, d’un point de vue personnel..... Le processus qui vient de vous être décrit porte un nom.. La manipulation.... Contre les manipulateurs, une seule arme: refuser tout débat et fuir.... Le Mathieu Pernod est invité partout et peut s’exprimer quand il le veut sur les médias.... Ne répondez jamais à ce type... C’est un malade.. Un malade grave... Quand on y a été confronté une fois dans sa vie, on connaît le nom de cette tare.. C’est pervers narcissique, le terme idoine.... Par contre, quand vous en avez identifié un, drame.... La question devient simplement l’est ou l’est pas?... Sarko, par exemple, oui.... DSK, pareil.... Ces types, ces femmes aussi, une seule manière de les reconnaître : pour eux, c’est toujours de votre faute. Le Mathieu Absinthe, là, c’en est un.. Un puissant.. Un très grave.... Fuyez!.....

jeudi 8 septembre 2011

Utile? A quoi?...

A quoi sert la philosophie?.... Sitôt qu’on a à sa table un philosophe, qu’on le reçoit à la radio, à la télé, dans les colonnes d’un journal, c’est inéluctable, la question tombe: à quoi sert la philo?.... Si l’on était un temps soit peu sérieux, on rirait!.... D’ailleurs, si vous avez envie de pisser dans votre culotte, je vous conseille d’écouter les réponses des “philosophes” médiatiques, les Comte-Sponville, Finkielkraut, Levy, Glucksmann, Onfray et autres Enthoven.... Même Derrida ou Sartre.. le pire, peut-être, Camus (simplement parce qu’il se croyait philosophe mais n’a jamais obtenu aucune reconnaissance officielle sur le sujet...) ..... A quoi ça sert?.... La meilleure réponse, outre le rire, ce serait de retourner la question.... Pourquoi la philosophie vous intéresse-t-elle au point que vous en attendiez une réponse?.... Ce serait derridesque (parce que déconstructif..) ... Dérider, d’ailleurs, si l’on accepte ce néologisme, cela résonne d’évidence avec rire et rajeunissement (paf!.. Des fois, en riant, on parvient à être très sérieux, vous ne trouvez pas?..).. A quoi sert la philo.. On rêve, non?... Et vos sales manies, votre bagnole, votre pognon, la démocratie, la guerre, la longueur de votre appendice ou la taille de vos nichons, l’économie, la science, en général, ou l’histoire, bande d’abruti(e)s, ça sert à quoi?.... Mais j’ai conscience que je suis en pleine diversion.. La question posée, espèce d’intello, c’est : à quoi sert la philo?.... A apprendre à mourir? A répondre à quelques questions éternelles? A connaître la vérité?... A acquérir la sagesse? Si la philo avait servi à l’un seulement de ces chapitres, cela se saurait, pas vrai?... Vous nous trouvez sages (citez m’en un seul!..), prêts à mourir, vous trouvez que les questions essentielles de l’existence ont trouvé leurs réponses?.... Ben!... Pour prendre un exemple trivial, le problème des lourdes charges, lui, a trouvé réponse: l’élévateur hydraulique. Le problème des déplacement itou: c’est l’auto!... Les questions existentielles, quant à elles!... Allez!.. je vais pas continuer à tourner autour du pot... A rien!.. A rien, c’est la réponse... Tout un tas de gens, au cours des âges, nous ont enseigné un truc imparable: l’essentiel, c’est la frivolité... En n’oubliant pourtant pas une chose: essayez donc d’être frivole lorsque vous avez acquis la culture et le niveau de conscience suffisants pour vous faire accéder aux réels problèmes existentiels.... Peut-être que la philo ce serait ça: parvenir à la frivolité en dépit de la pleine conscience du drame.. Nietzsche aurait dit un seul mot: surhomme...

lundi 13 juin 2011

Empathie

L’empathie est une notion très à la mode.... La lutte contre le capitalisme financier à outrance aurait trouvé sa parade: l’empathie!.... Parlons donc d’empathie. Que serait-ce? Une sensation, un sentiment, une émotion, qui vous ferait “sentir” l’autre, par-delà votre compréhension de sa condition, de son ethnie, de ses origines, de sa pensée, de ses traditions, et par-delà même vos propres acquis culturels. Un coup de foudre, quoi... Vous sentez, d’un coup, que l’autre est comme vous.... Votre frère sur Terre.... Et bien l’empathie, ce n’est pas ça du tout... C’est un truc super dangereux, à ne pas laisser entre toutes les mains, le plus souvent néfaste.

D’abord, pour reconnaître l’autre comme le double de soi-même, il faudrait commencer par savoir qui est “je”.... Depuis Freud et Nietzsche, qui ont découvert à peu près au même moment cette idée, ce qu’on nomme “je” m’est totalement inaccessible.... Freud a nommé ça la troisième blessure narcissique... Il nous a amené les notions d’inconscient et de subconscient, sous-entendant que “je” est un parfait inconnu pour moi.. Comment pourrais-je, alors, reconnaître l’autre comme mon semblable si je ne me connais absolument pas?....

Ensuite, l’empathie, ce serait donc le moyen de me relier à l’autre comme s’il était moi. En gros, donc, c’est le contraire de ce qu’on en dit puisque, au lieu de considérer l’autre comme un être indépendant, elle le ramène à soi... C’est tout simplement la négation de l’autre, de l’altérité, puisque tout est “comme moi”.....

L’empathie, la véritable, c’est une saloperie sans nom. Je ramènerai ça à l’idée indienne (des Amériques) selon laquelle, si l’on veut pêcher un saumon, on doit se faire saumon, tuer un ours se faire ours, éviter la morsure du serpent, se faire serpent. Il y a un intérêt vital à l’empathie. Ce qui en fait tout à fait autre chose qu’un “bon sentiment”. L’empathie, c’est avant tout ce qui vous permet de “voir” l’autre, de percer instantanément son intimité, de faire sauter la barrière invisible qui vous sépare de lui, barrière qui est généralement, pour l’autre, une clause de survie, la préservation de son propre mensonge vital. Une personne emphatique, c’est quelqu’un qui vous domine au premier regard. De vous, il sait tout, d’un coup d’oeil.... Et vous êtes immédiatement dans la peau du lapin qui va se faire croquer. Un monstre!.... A mon avis, pour expliciter ce qu’est un personnage emphatique, on ferait mieux de chercher du côté des Hitler, Staline, Barneys, Chirac, Mitterrand, Berlu ou Sarko... Regardez, lisez, ce qu’en disent les gens qui les ont approchés.... Pourquoi certains s’en servent-ils à mauvais escient et d’autres non? Mystère et boule de gomme.... Du moins, me semble-t-il, l’objet d’une autre chronique....

samedi 30 avril 2011

Citons, citons...

"Tout romancier qui se croit plus intelligent que ses romans ferait mieux de changer de métier".....

Milan Kundera

Celle-là, j'aime, j'aime, j'aime....

dimanche 24 avril 2011

Lecture

Bonjour,

c'est le temps des vacances.. vous avez le temps de lire.. je vous propose de vous rendre ICI pour consulter un texte ancien, certes, mais néanmoins toujours actuel...

Bonne lecture

P P

lundi 7 février 2011

Quoi de neuf? Diderot....

Pour qui fait profession de penser, le questionnement de base est immanquablement celui de la norme. S’insérer dans une sorte de continuité et reprendre à sa charge l’évolution des débats présents et passés ou bien refuser toute paternité, se poser soi-même en cas philosophique, avec tout le grisé que suppose la réalité, qui ne se conforme jamais aux raisonnements en blanc et noir, qui impose, selon le principe même de réalisme, qu’on ne soit jamais d’un côté ou de l’autre de manière entière, qu’il nous faudra toujours négocier avec notre propre pollution de l’esprit. Aucun de nous n’est au sens strict un cas philosophique. Cela interdit-il pour autant de le tenter?.... Et, ce, malgré tous ceux qui, eux-mêmes, n’ont aucun scrupule à vous rappeler que vous n’êtes que le produit d’une civilisation judéo-chrétienne. Au passage, on pourrait tout simplement leur faire remarquer que ce point de vue ne traduit rien d’autre que la satisfaction qu’ils retirent de ce qu’ils considèrent comme un état de fait incontournable.

Apparaît alors le problème de la chapelle. Ce qui me ramène, personnellement, au questionnement relativement efficace des années 70: d’où parlez-vous? Si le sieur est un scientifique, son discours sera outrageusement favorable à la science. S’il est philosophe, il ne pensera qu’à défendre la primauté de l’idée, d’un progrès dans l’histoire de la pensée. S’il est quidam, il se moquera allègrement de tout ce galimatias. Et si, par hasard, votre interlocuteur meurt de faim, il vous dira que vous êtes très beau et que votre discours est remarquable, à condition que vous lui accordiez l’aumône d’une petite pièce. Et si vous êtes, comme je le suppose fermement, tout à fait normés, vous pensez à cet instant que je suis un sale raciste, xénophobe, élitiste, cynique, facho, fou, asocial, malade, perdu, inhumain,...(rayez la mention inutile). N’en reste pas moins que, tous, quelle que soit la catégorie sociale ou politique à laquelle nous appartenons, tous, nous avons évidemment eu affaire à ces gens dont l’unique préoccupation n’est qu’eux-mêmes... Nos pères et mères, peut-être, notre compagnon(e), notre meilleur ami, nos enfants, pour ne parler que du cercle des proches... Le voisin, l’inconnu de la rue... La justification d’une telle attitude, qui s’appuie souvent ou bien sur la science, ou bien sur la philosophie, parfois même les deux, c’est que tout le monde est ainsi fait.... Je prétends qu’il y a des exceptions.. Il y a les cas philosophiques...

Un exemple me paraît significatif: celui de Denis Diderot. Ce littérateur doit une partie de sa disgrâce à l’emploi, dans l’un ses textes, de deux ou trois mots du genre bite, couille, con... Des insanités qui sont aujourd’hui du niveau de nos cours de récréation.... Mais, à l’époque... On le battit donc froid, ce qui est encore un peu le cas. Diderot n’a pas aujourd’hui la réputation qu’il mérite. Ce grand écrivain qui consacra une grande partie de son temps à l’énorme travail de la rédaction de l’encyclopédie, en quoi il voyait la concrétisation de son matérialisme forcené, au point d’y sacrifier un peu son oeuvre purement littéraire, quittera le monde en 1784, cinq années avant la Révolution dont il est pourtant l’un des plus évidents inspirateurs. Sa réputation sulfureuse n’a pourtant rien à voir avec son emploi de mots triviaux. Ce sont ses écrits, jugés comme antireligieux, qui lui valurent d’être emprisonné. C’est que Diderot est l’un des très rares écrivains français a avoir, dans la deuxième partie de sa vie, du moins, vécu dans la négation de l’existence de dieu. Pas seulement anticlérical et athée, plus qu’agnostique, antithéiste. Un homme persuadé de l’influence néfaste des thèses déistes, de la religion et de la croyance sur la vie de ses contemporains. Très rare, disais-je, car Diderot n’accordait aucune chance à l’existence d’un dieu, quel qu’il soit, et refusait tout débat sur ce thème. Ni dieu mort ni dieu bon, ni mauvais, ni utile, ni nécessaire, sauf aux puissants afin d’asseoir leur pouvoir sur les esprits. Aucun dieu, aucun débat. Le refus total. Très rare parce que je pense qu’il y a très peu d’autres auteurs qui aient ou aient eu une attitude aussi radicale. Au point de se faire enterrer civilement, à cette époque où ce voeu testamentaire n’allait pas de soi du tout. Des athées, certes, toujours prompts à se convertir, la mort approchant, des esprits “larges” qui s’accommodent de cette question chez les autres, ce qui leur évite d’avoir à faire un choix, des traditionalistes, qui se saisissent de cette question au nom d’une continuité dans la pensée, ce qui les amène parfois à une critique fondamentale, qui les conduit parfois jusqu’à la frontière de l’existence même d’un être supérieur, qui s’arrêtent, tous, au doute, à ce moment où le choix de croire est remis à chacun, à sa conscience, démontrant souvent qu’il n’y a pas plus de preuve positive que négative. Mais aucun qui réfute la question même. Diderot est un cas philosophique. Pas la peine de chercher plus loin le peu d’estime dans laquelle on le tient généralement, dans ce pays très marqué par la tradition catholique, bien plus qu’il n’est admis.

Dans le sillage de Diderot, mon désir est donc de me poser, infatué que je suis, en cas philosophique. Lui, venait après Descartes et Spinoza, considéré comme le maître de l’athéisme. Réputation fausse, à mon sens. Avis motivé par le fait que considérer une question est toujours participer à son établissement dans le réel, ne serait-ce qu’en obligeant ses contradicteurs à parfaire leur argumentaire, dans la mauvaise foi ou dans l’autorité. Mais, bien plus, débattre a pour conséquence de faire passer l’idée d’être suprême du domaine de l’arbitraire à celui du débat ouvert. Ce faisant, la contestation ne peut plus être globale et inconditionnelle. Le contradicteur doit s’expliquer sur la contestation d’une idée inepte et se trouve même contraint, lui-même, d’y donner corps: si l’on en parle, c’est bien que cela existe.....Diderot était le contemporain de Kant, pas plus efficient, selon moi, à réfuter l’existence d’un dieu et pour les mêmes raisons. Moi, je viens après Darwin, Freud, son concept de blessure narcissique, et, surtout, Nietzsche, ce qui fait un sérieux changement dans le paysage spirituel, et pourrait donner à penser que, pour le coup, ma démarche est, d’entrée, obsolète. Car on retient de Nietzsche, en général, qu’il a porté le coup fatal à la croyance. C’est inexact, selon moi: la question n’est pas réfutée. Dieu n’est pas mort. Cette formulation est par trop ambiguë et laisse la porte encore entr’ouverte. On serait en droit, d’ailleurs, de se demander si ce n’était pas là l’intention de l’auteur, et de remettre en cause, de fait, sa radicalité. Dieu n’est pas, n’a jamais été, n’est donc pas mort, et tout ce qu’on a pu en dire ou écrire est seulement digne du musée de la pensée. Ce qui ne signifie en rien qu’ils doivent pour autant être ignorés. Mais simplement que nous devons leur conférer l’intérêt d’un épisode historique de la pensée frappé d’obsolescence, comme, par exemple, l’existence de races ou les considérations animistes, les religions primales des Hominidés anciens de par le monde. Dieu n’est en rien une question philosophique. La pensée humaine s’est trompée de branche sur l’arbre de son parcours. Et même s’il semble que la question sociale et politique de la religion ait encore de beaux jours devant elle, une actualité brûlante, je suis persuadé que nous sommes bientôt au bout de cette branche pourrie et qu’il va nous falloir reprendre le chemin soit en sautant d’une branche à l’autre, soit en revenant bien en arrière dans le temps, totalement autrement dans la sélection des penseurs que la postérité a choisis, sans aucun hasard, j’en suis persuadé, puisqu’elle n’a retenu presqu’exclusivement que ceux qui ont considéré la question de dieu comme pertinente. Nietzsche nous a indiqué un point de départ possible, celui des philosophes pré-platoniciens. Ce qui ne peut, pour autant, être considéré comme la racine d’une pensée différente, si on l’en croit lui-même, puisqu’il réfute l’idée d’une archéologie de la pensée et nous oriente plutôt vers l’idée que tout ce qui pouvait concrètement être pensé, compte tenu de l’évolution des connaissances, a toujours été pensé en même temps et par tous ceux qui en ont fait l’oeuvre de leur vie. En vérité, il nous faut aujourd’hui retrouver ceux des penseurs qui, comme Diderot, ont refusé de penser ce sujet. Et il y en a. Ainsi, être un cas philosophique pourrait bien signifier plutôt un changement de référence qu’une invention. D’ailleurs, si l’être humain était capable d’invention, cela se saurait.




« Un phénomène est-il, à notre avis, au-dessus de l'homme ? Nous disons aussitôt : c'est l'ouvrage d'un Dieu ; notre vanité ne se contente pas à moins. Ne pourrions-nous pas mettre dans nos discours un peu moins d'orgueil, et un peu plus de philosophie ? Si la nature nous offre un nœud difficile à délier laissons le pour ce qu'il est et n'employons pas à le couper la main d'un être qui devient ensuite pour nous un nouveau nœud plus indissoluble que le premier ».

D. Diderot in “Lettre sur les aveugles et à l'usage de ceux qui voient”

Cette phrase est plus que simplement athée... La question de dieu y est renvoyée d’un revers de main et pas même remise: elle n’est pas une question. Une mauvaise réponse, tout simplement.

lundi 31 janvier 2011

La vie peut-elle expliquer la vie? La matière peut-elle expliquer la matière?....

Personnellement, mais peut-être ai-je l’oreille sélective, je n’ai jamais autant entendu parler du problème de l’origine que ces temps-ci.... Manifestement, ça nous tripote... Ça vous chatouille ou ça vous gratouille?.... D’où viens-je, où vais-je et dans quel état j’erre?... Question éternelle.. Si on cause correct, on doit dire ontologique... Devant le spectacle de la “nature”, la question de “l’étant ou de l’être”, on fond tous.. C’est inéluctable.... La seule profondeur dont nous sommes capables, si nous sommes “objectifs” (qui peut saisir le réel?...), c’est celle qui tient à “l’origine”. L’origine de la vie, de la Terre, de l’univers, la nôtre, ce qu’on voudra.. Mais le commencement.... Devant ce questionnement, force est de reconnaître que nous sommes inégaux. Pour des raisons qui tiennent peut-être à l’acquis, peut-être à l’inné, certains d’entre nous peuvent laisser des questions sans réponses, d’autres en sont incapables. C’est en ce sens que dieu est une réponse et non un doute. Pour ce qui me concerne (Mais connaissez-vous quelqu’un qui soit capable de parler d’autre chose que de lui-même.. y compris parmi les meneurs d’opinion?), peut me chaut qu’une question essentielle puisse rester en suspend.... D’où viens-je? je n’en sais rien... Où vais-je? Aucune idée... et dans quel état j’erre?.. Là, oui, j’ai une idée... C’est un retour au présent radical... Ce que je peux changer, alors, je travaille à le modifier.. Le reste, sur quoi je n’ai aucune prise, à quoi bon?.... A quoi me servirait un dieu? Une idéologie? .... Ni l’un ni l’autre ne changeront rien au présent.... Si ce n’est à appliquer un cautère sur ma jambe de bois ontologique. L’état ultime du philosophe tragique est proche de l’attitude de l’imbécile heureux. A l’exception d’une idée répandue: on ne peut pas faire l’économie du chemin qui, après une vie de labeur, mène à la jouissance absolue du présent, chemin qui écarte de l’humanité une écrasante majorité des contemporains du penseur, majorité certaine d’avoir trouvé la solution sans même s’être posé les questions, ce qui en fait des jouets du destin, jaugé comme seul explication de notre propre devenir.

Mais revenons-en au fil du discours... De plus en plus de savants, de sachants, devrais-je dire, avouent leur impossibilité à discourir sur le problème de l’origine.... Ce qui est une posture révolutionnaire... De plus en plus fréquemment, la science, en la personne de ses représentants les plus zélés, avoue son incapacité à expliquer le mystère (terme ultra piégeux parce que religieusement connoté..) de la création... ON NE SAIT PAS.... Ce qui, tout à fait logiquement, la nature ayant horreur du vide ( très vieille antienne..), acrédite le fait qu’avouer une incompétence est toujours reçu comme la possibilité d’en exprimer une autre.... L’exemple type est celui qui concerne les frères Bogdanov (deux clowns médiatiques et rien d’autre..) qui se ruent sur le concept du “mur de Planck” pour nous réintroduire (là où ça fait mal, c’est à dire au fondement...) l’idée d’un dieu.... Un dieu qui serait scientifiquement avéré.. L’idéal pour qui a toujours cru sans l’avouer, sans se l’avouer, sans jamais en faire état, comme la majorité de nos élites, du moins françaises.... Ce que soulève la questionnement scientifique actuel, de manière tout à fait inévitable depuis Heisenberg et son principe d’incertitude, c’est rien moins que l’incapacité de la science à répondre à des questions fondamentales.... C’est tout simplement l’abandon de l’idée de progrès.. Ou, plutôt, l’idée d’une limite au progrès... L’Homme (générique)... pourra-t-il jamais résoudre la question de l’origine?.. Il semblerait que se répand l’idée que non.... Tout bonnement parce que nous sommes concernés.. Que nous somme une partie de la réponse et qu’il nous est difficile, voire impossible, de nous questionner sur nous-mêmes..... Au moins pour l’instant (Mon pessimiste congénital m’incline à penser que c’est définitif.. Mais je peux me tromper..). La question est donc bel et bien : “La vie peut-elle expliquer la vie? La matière peut-elle expliquer la matière?”....

Je vous abandonne à cette question définitivement transcendantale.... Vous étiez à la recherche d’une transcendance?....