samedi 4 mars 2017

L'argent, voilà l'utopie .....












L’argent, voilà l’utopie.




Qu’y a-t-il de plus concret que l’argent? De plus matériel? Son pouvoir est immense, le sérieux qu’on lui accorde, extrême, son universalité, incontestable, son attractivité, infinie. Rassembler argent et utopie dans le titre d’un texte peut donc sembler paradoxal. Rien ne ressemble moins à une idée que l’argent, à priori.

Si nous imaginons, comme je le lui souhaite, que l’Humanité va continuer de peupler la Terre pour des millions d’années, nul doute que l’évolution l’amènera à remettre en cause, comme nous le faisons, les pratiques des humains antérieurs. Nous. Si, comme il est probable, et même si elle ne l’emporte pas définitivement, la sagesse humaine continue de s’accroître, je pense qu’ils n’auront pas de mots assez durs pour notre civilisation qui aura tué, emprisonné, condamné, exécuté, mutilé, pour de simples bouts de papier imprimés sans absolument aucune valeur, comparés à la vie, cette étincelle mystérieuse dont nous somme dépositaires.



On ne cesse de nous rebattre les oreilles avec le fait que nous ne penserions qu’en termes utopiques, à quoi les dirigeants politiques opposent de plus en plus souvent, de plus en plus systématiquement, celui de pragmatisme. Le socialisme, la paix, la liberté, l’égalité, seraient des utopies réservées à je ne sais quelle bande de doux rêveurs qui ne voudraient pas voir que la vie, la vie réelle, le monde des “vrais gens”, ne sont pas régis, ne peuvent l’être, par ces idéaux d’un autre âge, vains, négligeables pour qui aurait les pieds sur terre. Mais qu’est-ce, au juste, qu’une utopie? Si l’on consulte le dictionnaire, il nous dit: conception ou projet qui paraît irréalisable. Si l’on s’en tient à une définition plus “épidermique”, une utopie, ce serait une bonne idée qui n’a aucune chance de se concrétiser. Une “bonne idée” restant un terme à définir. Dirions-nous, plus précisément, une idée généreuse? Une utopie peut-elle être négative? Dans ses intentions, veux-je dire. Par exemple, l’espoir d’éliminer tous les cons est-il une utopie? Non, au sens où elle suppose élimination. Oui, au sens où elle propose cet acte expéditif aux fins d’améliorer le cours des choses. La pais est une utopie. La guerre peut-elle en être une? La liberté est une utopie. L'enfermement, la contrainte, la prison, assurément, non. Je pense donc pouvoir tabler sur ce point qu’une utopie est, par essence, une chose positive. Une bonne mauvaise idée. Bonne parce que généreuse, tournée vers l’avenir radieux, mauvaise parc qu’irréaliste.

On en arrive ainsi à une définition plus moderne de l’utopie. Pour nous, hommes du vingt et unième siècle, c’est une bonne idée qui, lorsqu’on tente de la concrétiser, se révèle toujours catastrophique. L’exemple le plus patent étant le marxisme. Du moins, pour ceux qui nous gouvernent.

En quoi l’argent pourrait-il, alors, être une utopie? Reprenons aux origines: qu’est-ce que l’argent?




I) Qu’est-ce que l’argent?


Reportons-nous loin en arrière, au temps des premiers Hommes, pas forcément les tout premiers, quoique. Imaginons que vous êtes l’un d’eux, que vous avez deux cochons et le groupe humain voisin, des fruits, par simple hasard de répartition des territoires. Votre tribu va à la rencontre de la voisine et propose d’échanger le cochon excédentaire contre une quantité jugée équivalent de fruits. Tope-là, vous avez des fruits, ils ont de la viande. Compliquons le problème: vous avez un cochon surnuméraire. Votre voisin a des fruits qui feraient votre bonheur mais, lui, n’a rien à faire d’un cochon. Ce qu’il veut, c’est des outils. Un autre de vos voisins fabrique des outils mais ne désire ni fruits ni cochon. Ce qu’il veut, c’est du blé. Vous trouvez un voisin plus lointain qui, lui, a du grain et veut bien les échanger contre un cochon. Il vous reste à faire quelques kilomètres. Vous amenez le cochon au dernier, prenez les grains, échangez ce grain contre des outils auprès du deuxième, et allez enfin voir le premier à qui vous remettez des outils contre ses fruits. Avec, en sus, toute la problématique des quantités. Combien de blé pour un cochon, combien de grains pour un outil, combien d’outils pour tant de fruits. Au total, vous risquez de vous retrouver avec des grains et des outils dont vous n’aviez aucun besoin. Et c’est là que s’invente, dans un cerveau assez clairvoyant, le concept d’argent. Si l’on invente une monnaie d’échange par tous reconnue, plus besoin de se déplacer pour quatre transactions. Le dernier vient chercher mon cochon, me le paye et, avec ce qu’il faut de monnaie, j’achète des fruits au premier. Belle idée, généreuse, pratique, facilitatrice. Une utopie. Bien sûr, il reste à inventer le support matériel des échanges, à ancrer cette belle idée dans le réel, en un mot, à trouver la monnaie. La première idée qui a dû venir à notre homme devait être quelque chose comme un caillou rond. Très mauvaise idée. Les cailloux ronds sont légion. Je me baisse, je suis riche. Plus rien n’a de valeur. Il faut trouver un objet rare. La seconde idée a dû être quelque chose comme un os particulier d’un animal comestible. La rotule du mouton, le bréchet d’une volaille. Beaucoup moins répandus. Mais sûrement encore trop. Il n’a pas dû couler beaucoup d’eau sous les ponts avant d’en arriver à une pierre précieuse, puis, tout naturellement, au cuivre, à l’argent et à l’or. Arrivé à ce point, on pourrait penser que l’histoire est terminée. L’argent n’est plus une utopie puisqu’il a trouvé sa traduction dans le réel. C’est évidemment sans compter sur la dérive naturelle de cette fausse bonne idée: l’accumulation.


II) L’accumulation


L’existence de points d’accumulation est concomitante à l’existence même, ils existent partout et en tous temps, à la naissance de l’univers même. La théorie des points d’accumulation dit, pour simplifier, que, si vous lâchez un nombre important de billes sur une table, vous n’avez aucune chance de les voir se répartir uniforméméent sur toute la surface de la dite table mais qu’elles vont se disposer, aléatoirement, certes, mais toujours en formant des “amas”, plus ou moins gros, plus ou moins nombreux. Ce fait est, pour nous, un heureux hasard, puisque, si l’on considère que la théorie du Big Bang est réaliste, plutôt que de se répartir unifomément dans tout l’univers, la matière s’est agglutinée, par endroits, en tas, donnant naissance aux étoiles, aux planètes puis à nous. L’accumulation est aussi âgée, aussi présente, que le premier atome créé. Elle est intimement liée à l’existence. Par voie de conséquence, créer une chose, c’est, inévitablement, en créer l’accumulation. L’eau existe, avec elle les lacs, nous inventons l’automobile, les bouchons le sont aussi. Ainsi en va-t-il de l’argent. Depuis l’invention du concept d’argent, celui-ci s’est accumulé en certains points. Dans des poches, des bourses, des coffres, des banques. Pour autant qu’elle soit inévitable, l’accumulation est-elle une bonne chose? Pour ce qui me concerne, j’aurais mauvaise grâce à me plaindre. Chaque humain n’est autre chose qu’un point d’accumulation de matière. Pour ce qui concerne l’argent, par contre, je serais moins enthousiaste. Il m’apparaît que ce serait plutôt une dérive indésirable et lourde de conséquences néfastes.

Accumuler l’argent n’est pas, vous en conviendrez, conforme à l’idée qui a présidé à son avènement. Tout est question de quantitité, je vous l’accorde. Mettre un peu à gauche pour voir venir n’est pas très préjudiciable, nécessaire, même, pour assurer la continuité de l’existence. Mais accumuler des milliards, je le crains, est non seulement dérogatoire à l’idée de base mais, de plus, une dénaturation de l’argent même, qui devient, par là, valeur lui-même, alors qu’il n’a plus d’équivalent en biens matériels, qu’il ne se mange pas, qu’il est un piètre carburant, bref, qu’il devient virtuel. La logique voudrait que l’accumulation d’argent soit inepte. Que l’argent, à l’exception d’une petite partie, soit toujours en circulation. Et, conséquence, que l’accumulation ne s’opère pas sous la forme de monnaie mais d’un autre bien, qui reste peut-être à inventer, spécifiquement dédié à marquer la richesse. La dérive finit d’acquérir son caractère néfaste avec l’invention du prêt et de l’usure. A ce point, l’accumulation d’argent s’entretient elle-même puisque l’intérêt permet d’en augmenter automatiquement le montant, sans autre action que de le posséder. L’argent devient de plus en plus virtuel. Il y a une énorme différence entre posséder quinze voitures, dix maisons, une île déserte, un avion, vingt châteaux, cent kilogrammes de caviar ou bien posséder l’argent nécessaire à leur acquisition. L’argent ne se mange pas, fait un très médiocre bateau, n’est avion qu’en papier, en un mot, il est virtuel. et sa valeur ne dépend que d’une convention: sa valeur d’échange, reconnue, admise par tous, comme ce fut le cas au commencement même de son existence. L’accumulation d’argent est un non sens, une ineptie, et ce point serait risible s’il n’était la cause d’à peu près tous les problèmes du genre humain. Pourquoi les ravages de la mondialisation, la culture du pavot, les guerres, la course au pétrole, les morts de la faim, le sida en Afrique, les préoccupations sécuritaires, l’autorité de l’Etat, pourquoi leurs terribles conséquences en termes de vies humaines si ce n’est pour l’accumulation d’argent?





III) L’argent, voilà l’utopie!

Il ne vous aura pas échappé que l’accumulation d’argent est synonime de pouvoir, lequel pouvoir n’a pas intérêt à voir chamboulé l’ordre immuable des choses. L’argent doit rester ce qu’il est et où il est. C’est la raison pour laquelle le parti de l’argent dénonce avec tant de force les utopies de gauche, les théories révolutionnaires, s’appuyant pour cela sur les drames humains, les massacres, les bains de sang, hélas réels, qu’ont engendrées toutes les tentatives de les appliquer dans le réel. Les préoccupations pour les droits de l’homme de ces unanimes et pragmatiques contempteurs ne sont pourtant que façade, un biais par lequel ils trouvent matière à condamner rédhibitoirement ce qu’ils nomment utopies, s’évitant ainsi de révéler leurs vraies intentions, accréditant l’idée de l’impossibilité de faire autrement que ce qui est, et préservant leur richesse. Leur estime des autres étant proche du néant, il n’est pas permis de douter qu’il ne faut ici voir qu’une manipulation.

A tous ceux-là, éternels puissants, je voudrais opposer leurs propres arguments: ils condamnent des idées au nom du fait qu’elle furent particulièrement meurtrières. Et l’argent? Qu’est-ce d’autre qu’une idée meurtrière? Et de combien de morts est-il responsable? Une idée, oui, celle d’inventer un medium pratique pour des échanges. Ces gens disent que l’utopie est à proscrire parce que ses conséquences sont toujours catastrophiques. Et l’argent? Les dérives de l’utopie seraient la cause de tous les massacres depuis la Révolution française? Et l’argent? Depuis quand cette idée tue-t-elle?

A tous ceux-là, qui chassent d’un revers de main toute idée susceptible de changer un tant soi peu l’ordre établi au prétexte qu’elles seraient toutes des uopies, j’ai le regret de le dire: leur monde tient sur la pire d’entre toutes. L’argent, voilà l’utopie!

vendredi 3 mars 2017

Surmoi ? Késako ?....

Je pense avoir attrapé récemment ce qu'on nomme le bout de la pelote... Par modestie ( feinte, évidemment...), je préfère dire "un bout de la pelotte" ... et ce bout est un truc absolument évident.. La disparition, dans la pensée actuelle, partout, politique, Art (y compris littérature), philosophie, médecine, instances officielles, partout, de la notion de "surmoi" .... Vous savez, ce machin, au-dessus de vous, qui vous dit que vous agissez correctement ou non ... Le bien , le mal, résument ceux qui n'ont pas lu NIetzsche, ou mal lu, individualisme, je réponds, dans le sens premier de ce terme en épistémologie ... Le miroir du rasage matinal, dans le langage commun. Je vois qui dans ce morceau de verre censé renvoyer mon image... Quelle image de moi me renvoie-t-il ? Oubliez l'idée de dieu. Le ciel est vide, définitivement vide. Revenons à l'individu. Au-dessus du "moi", plus rien ... Plus rien qui m'empêcherait de mentir, de manipuler, de me foutre de la gueule du peuple, plus rien .... Plus rien de l'introspection destructrice des mensonges, plus rien de l'idée de vérité.... Plus de "surmoi" ... Et, paradoxalement, le nom donné à ce phénomène, en novlangue, est justement "individualisme" ... Le cercle bouclé.. On l'a dans le cul .... Pour combien de temps ?