vendredi 10 février 2012

Humanisme

L’existentialisme est un humanisme... Péremptoire affirmation de Jean-Paul. Une sorte de slogan qui lui est beaucoup reproché. Sa théorie de l’existentialisme, aujourd’hui unanimement raillée, et sûrement à juste titre, à cause, principalement, de sa vacuité, est, pour les anti, avec sa sympathie pour les théories marxistes, la raison de sa condamnation, le prétexte évident de lui préférer Camus. Une seule chose me paraît avoir été un peu oubliée, c’est que l’humanisme n’est pas un idéal. Tout philosophe raisonnablement critique devrait avoir compris que l’humanisme n’est en rien un exemple, en rien une théorie universelle. Les plus exigeants auraient même dû constater que l’humanisme est lui-même un totalitarisme. Sartre tente un ultime sauvetage de sa fumeuse théorie en la raccrochant à un concept, certes universellement reconnu, mais qui sent pourtant la charogne. Ce qui, à mon sens, ne condamne absolument pas le travail de cet intellectuel brillant et n’autorise surtout pas de se jeter dans les bras d’un autre, bien plus contestable sur beaucoup d’autres points. L’humanisme est une catastrophe intellectuelle. Ce qu’on pourrait reprocher à Sartre, c’est de ne pas l’avoir perçu. Ce qui ne justifie en rien les tenants de l’attitude inverse. Les scientifiques du dix-huitième siècle avaient déjà conceptualisé, à leurs dépends, cette notion, en énonçant un principe aujourd’hui risible : la nature a horreur du vide. Ils ne faisaient que traduire une profonde tendance de l’esprit humain: aucun n’est capable de laisser une question sans réponse. En référer à l’humanisme n’est qu’une clause de survie. La dernière chose qu’on peut proférer avant que de se faire définitivement brûler sur le bûcher des idées reçues. Reste qu’aujourd’hui, loin des lueurs de ce bûcher, l’humanisme a vilaine figure, tendance totalitaire. Et la solution aux problèmes théoriques qu’ont pu nous poser l’échec des communistes au pouvoir et leurs idéologues ne peut en rien se trouver du côté des humanistes modernes, surtout quand ils ne sont pas si modernes que ça. En résumé, Camus n’est pas un substitut valable de Sartre. C’est ensemble qu’il faut les jeter ou bien n’en jeter aucun, ce qui serait quand même le mieux.

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