On nous a bassiné, un temps, avec le concept de “fin de l’histoire”. Une pensée née de l’effondrement de “l’empire” soviétique. La fin de l’histoire, ce serait la fin des idéologies autres que capitalistes, la victoire totale du libéralisme. Le meilleur des mondes possibles. La moindre objectivité sur l’état du monde démontre aisément que l’histoire n’a pas cessé d’exister.
Autre vessie déguisée en lanterne, la fin de la philosophie. Que serait la question? Qu’on le veuille ou non, que cela plaise ou non, la question est, demeure, persiste à être celle de dieu, au sens d’un ordinateur, ce qui organise, la force à laquelle nous devons l’état du monde, la cause de toute chose. Tous les philosophes, ce qui n’est pas exactement la même chose que la philosophie, tous, ont tenté de résoudre la question de l’existence ou non d’une puissance supérieure, la démontrant, la réfutant, jusqu’à nous annoncer sa mort, mais, toujours, au nom de la seule valeur reconnue par tous, la raison. Peine perdue, simplement du fait que la raison ne peut, par essence, envisager ce qui n’est pas de son ressort. Dieu n’est pas raisonnable, au sens où la raison ne peut l’envisager. C’est égal. Dieu reste LA question philosophique. Que serait-ce, alors, que la fin de la philosophie? La résolution définitive de l’unique problème?... Pas de dieu, un dieu, plusieurs? Ce que les philosophes n’ont pas perçu, à mon sens, c’est qu’à force de travailler autour du concept de grand ordinateur, ils n’ont fait que le rapprocher du concevable. Jusqu’à le rendre mortel, ce qui est un paradoxe énorme, convenez-en. Ce qui a échappé aux philosophes déistes autant qu’aux athées, c’est tout simplement que leur recherche faisait d’eux-mêmes des dieux. Si Dieu existe, au fond, c’est probablement un type assez semblable à Platon à Kant, à Spinoza et même à Nietzsche. Pour un unique motif: le fait que la raison ne peut disserter que de ce qu’elle perçoit, c’est à dire la raison. Le concept de dieu ne peut être considéré par la raison. Tout juste la raison peut-elle nous amener au bord du précipice que représente cette question. L’exigence que nous devrions avoir envers nos penseurs, ce serait d’avoir le courage de la laisser en suspens. La volonté même de tenter une solution ne peut avoir qu’une seule conséquence: un bouclage sur soi-même. Le philosophe me semble ontologiquement condamné à ne jamais pouvoir répondre à la seule question qu’il se pose en réalité. La fin de la philosophie est donc consubstantielle à la philosophie elle-même, comme un serpent peut, en théorie, s’absorber lui-même en mordant sa queue. Mais qui, me direz-vous? Si.. Je l’affirme.. Vous demanderez qui.. Parce que, justement, vous ne savez pas laisser une question sans réponse. En ce sens, vous êtes tous, comme l’affirme la doxa, des philosophes. Qui?... Une sorte d’humains me paraît adaptée à cette question. Ce sont les scientifiques et, parmi eux, ceux qui travaillent à l’histoire de l’univers. Laplace disait, parlant de dieu : je n’ai pas besoin de cette hypothèse... Les gens qui travaillent sur le “Big Bang” ne cessent de reculer l’échéance et, pour eux, la question de dieu ne se pose pas encore. Simplement parce que c’est une question d’une profondeur infinie. La réponse à cette question n’est pas, pour eux, d’actualité. Ce qui incite à penser que les philosophes, quant à eux, ont toujours cruellement manqué de recul. Ce dont je conclurais, de manière tout à fait personnelle, que la philosophie porte en elle le mal qui la fera périr. Ou bien que la philosophie est une chose bien trop sérieuse pour être confiée aux philosophes.
mercredi 8 février 2012
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