jeudi 15 octobre 2009

Parenthèse

Je viens de me rendre compte (des fois, la lumière des étoiles met du temps à me parvenir!..) que je partage au moins une idée avec Nietzsche, idée qui n’est pas la plus connue de cet auteur. Elle tient à la passion nietzschéenne , de l’homme, pour la philosophie antique, et, particulièrement, pour les préplatoniciens. Sa critique de Platon et Aristote est radicale. Et, bien entendu, à cause du mysticisme platonicien. La philosophie post platonicienne est centrée sur la question de dieu. Plus exactement, elle considère, quasi unanimement, dieu comme une question pertinente. La philosophie “officielle” est marquée au sceau de la réflexion sur l’existence ou non d’un dieu. Or, j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, je pense que dieu n’est pas une question. Il est ou pas. Ce qui est question, c’est la croyance, la propension de l’homme, cet animal religieux, à croire. Cet intérêt a été, est, accrédité par un tas de livres, de noms, que, seuls, l’histoire de la pensée semble avoir retenus. Il n’y aurait de philosophie que celle qui circonvolutionne autour de la question de dieu, de la vie éternelle, et de la détestable manie de l’Homme nommée croyance. C’est un point de vue absolument partisan. Les noms ne manquent pas de philosophes athées. Socrate (-470, -399), Lucien (119-192), Diderot, Sade, etc... et Nietzsche, évidemment. Or, par un hasard qui n’en est pas un, l’histoire de la pensée humaine ne retient que les autres. Platon, Kant, Spinoza.... j’en passe et des moins bons. Ce n’est aucunement un hasard du fait de la collusion, encore très actuelle, entre pouvoir et religion. La religion considérée comme moyen de gouverner, évidemment, les esprits, pour asservir les corps.

Cette idée, qu’avec Nietzsche, finalement, je partage, est qu’il existe une autre histoire de la pensée que l’officielle. Une incitation à considérer comme une parenthèse, au cours de laquelle cette pensée se serait égarée sur l’idée, le concept, l’hypothèse de dieu, cette officielle histoire de la pensée. Nietzsche comme moi, ou, plutôt, moi comme Nietzsche, considérons que le premier crochet de cette parenthèse serait à poser sur le nom de Platon et que le second, qui la fermerait, est attribuable à Nietzsche. La différence entre lui et moi, c’est que son génie l’autorise à se considérer lui-même comme étant l’être humain qui ferme cette parenthèse. En théorie, depuis la lecture de son oeuvre, nous devrions avoir changé d’époque pour la pensée humaine. Comme vous avez pu le constater, ce n’est pas le cas. C’est que les forces politiques dominantes n’ont, bien entendu, aucun intérêt à ce que nous nous rendions enfin compte que dieu n’est pas, pas même une question. Dans le langage courant, je pourrais dire: nous avons besoin de piqûres de rappel.

Je suis heureux d’avoir compris, un peu involontairement, et avec une grande naïveté, que je suis l’une de ces vaccinations. La pensée humaine est malade de l’idée de dieu. Une mouche qui se heurte sans cesse à la vitre au travers de laquelle elle voit la nature.

5 commentaires:

  1. APRÈS L'ÉPÉE, LA ROBE...?
    Tous ces libelles, allons jusqu'à écrire tous ces factums, théophobes autant que théocentriques, peuvent amuser un temps : leur veine est profondément politique sous un crépi philosophique.
    Mais après l'atome du Soviet Suprême...L'argent.
    Dieu peut aller se rhabiller chez ceux qui lapident encore en raison de leurs 632 ans de retard sur "notre" Inquisition.
    Gouverner les corps pour asservir les esprits.
    Dans votre écrit le mot "assouvir" procède-t-il d'un lapsus calami ?
    Belle conclusion à la Gilbert Cesbron.
    Jacques dit merci 

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  2. Lapsus calami, en effet.. Mais, avouez, étonnamment puissant. Qu'ai-je voulu dire involontairement? Que l'on ne peut assouvir le corps que dans l'asservissement? Que le "plaisir" naît de la certitude de faire le mal"? Que, en un sens, la règle est nécessaire? Beau lapsus...

    PP

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  3. LA RÈGLE SUR LE BOUT DES DOIGTS EN CÔNE...

    Ah ! Une petite gâterie ! La beauté d'un lapsus s'apprécierait-elle dans son étonnante puissance ? Nietzschéeen par essence !

    Dans l'hindouisme et son merveilleux dérivé jaïn, le sado-masochisme n'existe point et l'asservissement, interdit, n'entretient nulle liaison perverse avec l'assouvissement.

    Il faudrait fouiller du côté des waffen et, à l'opposé, des goulags
    pour y trouver les meilleures représentations lorsque maso disparaît au bénéfice, si j'ose dire, de sado.

    Les bottes frappant, dans la nuit brûmeuse, les pavés mouillés m'ont toujours glacé d'effroi, tout autant que vous, j'en suis certain.

    JP 

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  4. Lapsus pour moi, méprise pour vous, cher anonyme. Je faisais allusion à la morale. Aux relations charnelles, et non à la politique. j'avais même mobilisé Baudelaire pour cela....

    PP

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  5. Certes l'on pouvait deviner quelques pensées issues des vers de L'HÉAUTONTIMOROUMENOS (Je suis la plaie et le couteau...Je suis de mon cœur le vampire...) mais une pudeur naturelle m'interdisait d'aborder, sur la toile, d'immoraux fantasmes charnels.

    Léo Ferré prend Jésus à témoin lorsque" le mal nous fait du bien"...

    Charles B. écrivait dans "Le Couvercle"

    Terreur du libertin, espoir du fol ermite :
    Le Ciel ! Couvercle noir de la grande marmite
    Où bout l'imperceptible et vaste Humanité

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