lundi 31 janvier 2011

La vie peut-elle expliquer la vie? La matière peut-elle expliquer la matière?....

Personnellement, mais peut-être ai-je l’oreille sélective, je n’ai jamais autant entendu parler du problème de l’origine que ces temps-ci.... Manifestement, ça nous tripote... Ça vous chatouille ou ça vous gratouille?.... D’où viens-je, où vais-je et dans quel état j’erre?... Question éternelle.. Si on cause correct, on doit dire ontologique... Devant le spectacle de la “nature”, la question de “l’étant ou de l’être”, on fond tous.. C’est inéluctable.... La seule profondeur dont nous sommes capables, si nous sommes “objectifs” (qui peut saisir le réel?...), c’est celle qui tient à “l’origine”. L’origine de la vie, de la Terre, de l’univers, la nôtre, ce qu’on voudra.. Mais le commencement.... Devant ce questionnement, force est de reconnaître que nous sommes inégaux. Pour des raisons qui tiennent peut-être à l’acquis, peut-être à l’inné, certains d’entre nous peuvent laisser des questions sans réponses, d’autres en sont incapables. C’est en ce sens que dieu est une réponse et non un doute. Pour ce qui me concerne (Mais connaissez-vous quelqu’un qui soit capable de parler d’autre chose que de lui-même.. y compris parmi les meneurs d’opinion?), peut me chaut qu’une question essentielle puisse rester en suspend.... D’où viens-je? je n’en sais rien... Où vais-je? Aucune idée... et dans quel état j’erre?.. Là, oui, j’ai une idée... C’est un retour au présent radical... Ce que je peux changer, alors, je travaille à le modifier.. Le reste, sur quoi je n’ai aucune prise, à quoi bon?.... A quoi me servirait un dieu? Une idéologie? .... Ni l’un ni l’autre ne changeront rien au présent.... Si ce n’est à appliquer un cautère sur ma jambe de bois ontologique. L’état ultime du philosophe tragique est proche de l’attitude de l’imbécile heureux. A l’exception d’une idée répandue: on ne peut pas faire l’économie du chemin qui, après une vie de labeur, mène à la jouissance absolue du présent, chemin qui écarte de l’humanité une écrasante majorité des contemporains du penseur, majorité certaine d’avoir trouvé la solution sans même s’être posé les questions, ce qui en fait des jouets du destin, jaugé comme seul explication de notre propre devenir.

Mais revenons-en au fil du discours... De plus en plus de savants, de sachants, devrais-je dire, avouent leur impossibilité à discourir sur le problème de l’origine.... Ce qui est une posture révolutionnaire... De plus en plus fréquemment, la science, en la personne de ses représentants les plus zélés, avoue son incapacité à expliquer le mystère (terme ultra piégeux parce que religieusement connoté..) de la création... ON NE SAIT PAS.... Ce qui, tout à fait logiquement, la nature ayant horreur du vide ( très vieille antienne..), acrédite le fait qu’avouer une incompétence est toujours reçu comme la possibilité d’en exprimer une autre.... L’exemple type est celui qui concerne les frères Bogdanov (deux clowns médiatiques et rien d’autre..) qui se ruent sur le concept du “mur de Planck” pour nous réintroduire (là où ça fait mal, c’est à dire au fondement...) l’idée d’un dieu.... Un dieu qui serait scientifiquement avéré.. L’idéal pour qui a toujours cru sans l’avouer, sans se l’avouer, sans jamais en faire état, comme la majorité de nos élites, du moins françaises.... Ce que soulève la questionnement scientifique actuel, de manière tout à fait inévitable depuis Heisenberg et son principe d’incertitude, c’est rien moins que l’incapacité de la science à répondre à des questions fondamentales.... C’est tout simplement l’abandon de l’idée de progrès.. Ou, plutôt, l’idée d’une limite au progrès... L’Homme (générique)... pourra-t-il jamais résoudre la question de l’origine?.. Il semblerait que se répand l’idée que non.... Tout bonnement parce que nous sommes concernés.. Que nous somme une partie de la réponse et qu’il nous est difficile, voire impossible, de nous questionner sur nous-mêmes..... Au moins pour l’instant (Mon pessimiste congénital m’incline à penser que c’est définitif.. Mais je peux me tromper..). La question est donc bel et bien : “La vie peut-elle expliquer la vie? La matière peut-elle expliquer la matière?”....

Je vous abandonne à cette question définitivement transcendantale.... Vous étiez à la recherche d’une transcendance?....

jeudi 20 janvier 2011

Organique......

“Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux: c’est le suicide”. C’est du Camus, pour ceux qui ne le sauraient pas (que j’imagine peu nombreux...), in “Le mythe de Sisyphe.... Du Camus, quoi.. Son point de vue.... On raconte que Camus était nietzschéen et, je vous l’avoue, je n’en suis pas certain. Personnellement, j’affirmerais volontiers que le seul problème philosophique sérieux est, plus généralement, celui de la mort, volontaire ou non. Juger de la valeur de sa vie me semble indépendant de son désir de l’abréger ou non. Tous ceux qui “font avec”, les plus nombreux, sont néanmoins confrontés, un jour ou l’autre, à la valeur de ce qu’ils ont vécu, à la nécessité d’endurer jour après jour les affres de la douleur inhérente à la question essentielle de l’utilité d’être, aiguillonnés que nous sommes, sans cesse, par la terreur de la finitude. Néanmoins, bien que cette question me paraisse essentielle, peut-être la seule, la seule, en tous cas, qui soit indéfiniment insoluble, je ferais comme tous ceux qui m’ont précédé. Je vais prendre un chemin de traverse. Il est bon, parfois, de goûter au plaisir des chemins d’égarement. Je crains, pourtant, de ne pas m’éloigner vraiment. Car l’une des questions que pose la réflexion sur la finitude est bel et bien celle du corps, cette chose qui nous permet de promener nos sens en tous lieux. Et, plus que le corps, de sa relation avec l’esprit. A peu près toutes les écoles de pensées post-platoniciennes reposent sur la maîtrise de l’esprit sur le corps, considéré comme vil. En ce sens, la manière camusienne peut passer pour conventionnelle, puisqu’elle pose exactement cette question de la décision de l’esprit face au corps en stigmatisant la capacité de l’un, l’esprit, à supprimer l’autre, le corps. C’est le point de divergence. Le point où le nietzschéisme de Camus entre en branle: le cerveau, siège de l’esprit, n’est rien d’autre qu’une partie du corps et son activité s’éteint avec la vie de son hôte matériel. La question essentielle est donc celle de la survie de l’esprit après la disparition de l’enveloppe. Une question fondatrice pour l’écrivain. Le corps peut-il survivre dans la matière ou bien doit-il travailler pour sa survie dans le domaine de l’esprit?... Une question platonicienne et non-socratique. La religion, les certitudes occidentales, la douleur de vivre, les dérives psychologiques, tout cela ne vient que de cette ambiguïté: l’impossibilité de considérer le cerveau comme un organe ordinaire. De refuser de considérer ses messages constants comme l’expression d’une puissance extérieure. Le paroxysme en la matière porte un nom médical: schizophrénie. Une dénomination qui, comme toutes les autres, ne repose que sur un point de vue. Au cas où vous ne l’auriez pas compris, toute dénomination ne repose que sur un seul critère: l’air du temps. Si vous m’avez suivi, vous venez de vous oxygéner. Le problème unique, c’est de savoir si vous avez envie, si vous avez encore le désir, d’emprunter les chemins peu fréquentés. Je viens de faire une jolie balade sur les chemins de traverse de la pensée universelle: j’y ai trouvé quelques champignons comestibles dont je vais me régaler.... Et vous?
Ces quelques lignes reposent sur votre capacité à comprendre l’ellipse du langage. Si vous ressemblez outrageusement à vos contemporains, je suis certain que vous ne m’aurez pas compris. Et vous et moi devrons faire avec.