jeudi 20 janvier 2011

Organique......

“Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux: c’est le suicide”. C’est du Camus, pour ceux qui ne le sauraient pas (que j’imagine peu nombreux...), in “Le mythe de Sisyphe.... Du Camus, quoi.. Son point de vue.... On raconte que Camus était nietzschéen et, je vous l’avoue, je n’en suis pas certain. Personnellement, j’affirmerais volontiers que le seul problème philosophique sérieux est, plus généralement, celui de la mort, volontaire ou non. Juger de la valeur de sa vie me semble indépendant de son désir de l’abréger ou non. Tous ceux qui “font avec”, les plus nombreux, sont néanmoins confrontés, un jour ou l’autre, à la valeur de ce qu’ils ont vécu, à la nécessité d’endurer jour après jour les affres de la douleur inhérente à la question essentielle de l’utilité d’être, aiguillonnés que nous sommes, sans cesse, par la terreur de la finitude. Néanmoins, bien que cette question me paraisse essentielle, peut-être la seule, la seule, en tous cas, qui soit indéfiniment insoluble, je ferais comme tous ceux qui m’ont précédé. Je vais prendre un chemin de traverse. Il est bon, parfois, de goûter au plaisir des chemins d’égarement. Je crains, pourtant, de ne pas m’éloigner vraiment. Car l’une des questions que pose la réflexion sur la finitude est bel et bien celle du corps, cette chose qui nous permet de promener nos sens en tous lieux. Et, plus que le corps, de sa relation avec l’esprit. A peu près toutes les écoles de pensées post-platoniciennes reposent sur la maîtrise de l’esprit sur le corps, considéré comme vil. En ce sens, la manière camusienne peut passer pour conventionnelle, puisqu’elle pose exactement cette question de la décision de l’esprit face au corps en stigmatisant la capacité de l’un, l’esprit, à supprimer l’autre, le corps. C’est le point de divergence. Le point où le nietzschéisme de Camus entre en branle: le cerveau, siège de l’esprit, n’est rien d’autre qu’une partie du corps et son activité s’éteint avec la vie de son hôte matériel. La question essentielle est donc celle de la survie de l’esprit après la disparition de l’enveloppe. Une question fondatrice pour l’écrivain. Le corps peut-il survivre dans la matière ou bien doit-il travailler pour sa survie dans le domaine de l’esprit?... Une question platonicienne et non-socratique. La religion, les certitudes occidentales, la douleur de vivre, les dérives psychologiques, tout cela ne vient que de cette ambiguïté: l’impossibilité de considérer le cerveau comme un organe ordinaire. De refuser de considérer ses messages constants comme l’expression d’une puissance extérieure. Le paroxysme en la matière porte un nom médical: schizophrénie. Une dénomination qui, comme toutes les autres, ne repose que sur un point de vue. Au cas où vous ne l’auriez pas compris, toute dénomination ne repose que sur un seul critère: l’air du temps. Si vous m’avez suivi, vous venez de vous oxygéner. Le problème unique, c’est de savoir si vous avez envie, si vous avez encore le désir, d’emprunter les chemins peu fréquentés. Je viens de faire une jolie balade sur les chemins de traverse de la pensée universelle: j’y ai trouvé quelques champignons comestibles dont je vais me régaler.... Et vous?
Ces quelques lignes reposent sur votre capacité à comprendre l’ellipse du langage. Si vous ressemblez outrageusement à vos contemporains, je suis certain que vous ne m’aurez pas compris. Et vous et moi devrons faire avec.

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