lundi 25 janvier 2010

Peillon vient de nous pondre un nouveau livre: “Une religion pour la République : foi laïque de Ferdinand Buisson”. J’aime beaucoup Peillon. Pour son côté “philosophe” et cultivé. Je me suis souvent demandé ce que ce type avait bien pu penser pour en arriver à être élu... La position d’élu ne va guère avec la qualité de philosophe, serait-il engagé.... Et c’est justement le sujet de son livre. Un un mot: la foi dans la laïcité.

Mais un mot, présentement, ce n’est évidemment pas suffisant. La constatation de base, c’est que l’homme est un animal croyant, ou , si l’on préfère, spirituel. Ce qui aboutit au constat imparable du fait qu’on ne pourra jamais tuer dieu. Jetez-le par la fenêtre, vous le verrez revenir par la cheminée. Et pas forcément plus présentable. Jetez le dieu des chrétiens et vous verrez revenir le stalinisme, par exemple. Un débat aussi vieux que la vie sur terre. Et qui, jusqu’ici, n’a pas trouvé de conclusion. Qui, d’ailleurs, n’en trouvera probablement pas. Mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. L’histoire de la pensée est remplie de gens qui ont tenté de proposer une alternative. Et, force est de le reconnaître, chaque fois que l’une des ces alternatives proposées a été prise au sérieux et qu’on a tenté de l’appliquer, le remède s’est avéré pire que le mal.... C’est le point où Peillon pose problème, si l’on veut être euphémiste, fait froid dans l’échine, si l’on est réaliste... Parce qu’il est un “politique”. Et que, c’est évident, chaque fois qu’un politique se mêle de nous indiquer la voie par où il vaudrait mieux penser, on sait, par expérience, hélas, que cette voie est sans issue mais, plus gravement, qu’elle mène au génocide. Peillon vient donc de démontrer, j’en suis fort contrarié, que son positionnement “entre deux chaises”, entre deux carrières, le conduit, comme beaucoup de ses prédécesseurs, à nous inciter à prendre un chemin malodorant : celui du dogmatisme républicain et laïque qui serait censé remplacer le dogmatisme religieux.

Je crains que seuls quelques terriens soient capables d’envisager le ciel vide et de ne surtout pas imaginer de remplir ce vide...

Tout à fait fortuitement, je viens de finir une pièce de théâtre sur ce sujet. J’ai situé l’action un soir de 1791, avec, comme protagonistes, Robespierre et Danton. Le propos est de démontrer que tous les révolutionnaires ont, un jour ou l’autre, dérapé, franchi le rubicon, pensé pouvoir remplacer l’aliénation que représente la croyance en un dieu par une autre, pensé qu’on peut créer une religion nouvelle, envisagé de libérer l’Homme en lui offrant une nouvelle prison. Robespierre n’est pas le seul exemple, loin de là. Mais il est une part de notre mythologie républicaine. En ce sens, son cas mérite l’étude. Je le trouverais néanmoins toujours beaucoup plus digne que d’autres, qui l’ont précédé, qui l’ont suivi. Parce qu’il fait partie des défricheurs, des découvreurs, et qu’il n’a pas servi d’intérêts autre que celui de sa propre conviction.. Ravageuse, comme d’autres... Tout se vaut-il?

J’ai mis mon texte en ligne ici : http://artz.pascal.free.fr/R%20et%20D.html

Merci de le lire......