Dieu est mort!... Certains ne retiennent de Nietzsche que cette phrase... Dieu est mort.. et de s’empresser d’ajouter, tout à fait logiquement: s’il est mort, c’est qu’il a existé.... Là, normalement, on clive gravement, comme on dit aujourd’hui. C’est imparable, pas vrai?.... S’il est mort, c’est qu’il fut.... Sauf qu’il ne s’agit ici que de sémantique. De l’application au langage d’une logique qui n’est que scientifique, mathématique. A entraîne B. Ce qui ne repose que sur un postulat: ce que les mathématiques conçoivent, le langage doit pouvoir le permettre. Parce que le langage est logique, évidemment logique. Et là, j’en suis désolé, je perds le fil.... C’est mathématique, si vous le désirez. Cela tient au concept de non-réciprocité. En maths: A implique B n’implique pas que B implique A. Le fait que le langage soit sommé de traduire une réalité scientifique n’implique pas que le langage soit la traduction d’une réalité. Pour ce qui nous (me?...) concerne ici: non, le fait que dieu soit mort n’implique pas qu’il ait existé. Cette conclusion n’est que l’effet d’une construction mentale à base de superposition, un effet de “couches”, si vous préférez. Ce que nous ne parvenons pas forcément à percevoir, c’est qu’il existe un saut de sens, de concept, entre l’affirmation primale: dieu est mort!.. et la réponse: c’est donc qu’il a existé.... Cette conclusion souffre d’insuffisance: ce ne sont que des mots. La réalité, du moins telle que je la conçois, est bien différente: dieu est mort, l’Homme l’a tué, mais ce que l’Homme a tué, ce n’est que l’idée d’un dieu. Ce qui est sur un autre niveau que la réalité, si vous suivez... Le fait que l’Homme ait tué son idée d’un dieu n’a rien à voir avec son existence ou non. Dieu existe ou pas, ce qui n’a rien à voir avec le fait que je croie ou non qu’il existe,qu’il ait existé, et que je sois parvenu ou non à le tuer. C’est objectivement un autre plan. Par contre, ce que je perçois, c’est que cela arrange bien les croyants, c’est à dire ceux qui sont convaincus de l’existence de dieu, qui vont même jusqu’à accepter qu’il ait pu, seulement, exister, et qu’il soit mort. Cela leur convient, donc, comme débat, pourvu qu’on accrédite l’existence actuelle ou passée d’un dieu, ils sont prêts à tout accepter.
La réalité, c’est que Nietzsche fait sans cesse appel à la philosophie préplatonicienne, celle qui conçoit l’univers sans notion de dieu quand nos penseurs actuels ne font appel qu’à Platon et Aristote, les deux tenants de l’existence d’une puissance supérieure à la base de toute vie. Conceptualiser Nietzsche dans un contexte platonicien ou aristotélicien et ne discourir que de la contestation de leur théorie, considérée comme fondatrice, par Nietzsche, suppose donc la contestation non de l’existence d’un dieu mais de sa survie.... Nous sommes donc largement manipulés en souscrivant à ce débat. Dieu peut très bien ne jamais avoir existé et être, pourtant, mort.... Mort dans la pensée humaine.... La philosophie actuelle, celle qu’on pourrait qualifier, dans le sillage d’un De Gaultier, d’officielle, se contente de discourir sur la base d’un dogme admis, celui de l’existence, actuelle ou passée, d’un être suprême, sans jamais envisager, à dessein, que le “créateur” ait pu ne jamais exister.. Ce qui les amène à accréditer l’hypothèse de sa mort, à la limite, la limite de leur système de pensée....
Dieu est mort, c’est certain, mais cela n’empêche en rien l’hypothèse selon laquelle il n’aurait jamais existé ailleurs que dans l’esprit des Hommes.
lundi 29 novembre 2010
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